Histoires de Gabrielle

Ouais sans blagues, ouais, et ça c'est le forum à Chimel ouais, C'EST QUOI MON NOM?

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Aikau le bo
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Histoires de Gabrielle

Message par Aikau le bo »

Histoires de Gabrielle 1

Elle est belle et je l’aime. Elle était belle et elle est morte, et je l’aime, et je lui dis que je l’aime et elle me répond qu’elle m’aime aussi, toujours, pour moi elle sera là.

J’y repense et je ne suis plus sûr. M’a-t-elle regardé avant de se faire broyer par ces troncs d’arbres ? Je n’en suis plus sûr. Il me semble qu’elle m’a regardé, tourné ses beaux yeux noisettes vers moi. Peut-être a-t-elle souri. Elle souriait toujours, à moi qui ne souriais jamais avant elle. Elle irradiait de chaleur, de bonheur, de joie, de vie. Elle me souriait toujours, et moi jamais, avant elle, et plus maintenant, ou alors en pensant à elle, avant de me rappeler. Je n’en suis plus sûr. M’a-t-elle regardé avant de se faire broyer ?

Je suis sûr en tout cas qu’elle m’a parlé. Après. Après que les tonnes de bois mal fixés roulent subitement sur elle dans un fracas ne rappelant en rien la chair sylvestres, mais plutôt le son de lourdes cloches… étrange non ? Elle m’a parlé après, j’en suis sûr, malgré ce que disent les autres. Mais ils ne pouvaient pas entendre, ils étaient loin. Mais ils ne pouvaient pas entendre notre conversation avec cette agitation. Mais ils ne pouvaient pas nous entendre nous parler, tant je hurlais.

Et elle a rendu son dernier soupir pour moi, près de moi, sur moi, en moi. Et son soupir m’accompagne. Toujours. Pour toujours. Pour moi elle sera là. Toujours. Et elle me parlera. Et elle me parle. Et elle m’aime, et je l’aime. Toujours. Jusqu’à ce que la mort nous sépare. Ou nous réunisse. Oui, qu’elle nous réunisse…

Saul Moorcan
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Re: Histoires de Gabrielle

Message par Chimel »

Je pense que l'on va devoir faire qqch pour Gabrielle en terme de jeux... T'ai je déjà parler de cette Edge/Hindrance du nom de hanté? A toi de choisir lequel des deux modes te convient, car dans tous les cas, tu es bien hanté...

Hanté (Hindrance seul)
Le joueur est sous la menace d'un esprit défunt, revenus d'entre les mort pour le persécuter. Cela ce traduit en court de jeux par des chek de spirit afin de ne pas être troubler par ce spectre qui chuchote, ou envahit le champs visuel. En cas de chek de spirit raté, -2 aux actions pour la scène...

Hanté (Edge Seasonned et Hindrance) Près requis: Hanté, Spirit d6 ou Archane Backgraound
Si un level up est claqué, on a droit aux même effets que en haut, mais cette âme n'est pas que négative, elle ce montrera aussi secourable, en murmurant des avertissements ou en montrant des sources de danger, cette avantage est capricieux, il dépend de la constance du personnage hanté à tenter de développer une relation harmonieuse avec cet encombrant spectre...

Allié du Caveau (Edge Veteran et Hindrance) Près requis: Hanté Niveau Seasonned, Spirit d8
A ce niveau, Gabrielle devient une compagne spectrale, ne cherchant plus à tourmenter, à moins que Saul ne finisse par comprendre les comportements spectraux post mortem de son défunt amour?
Plus de soucis de persécution donc. Gabrielle devient une forme d'ange gardien sombre de Saul. En termes de jeux, il peut invoquer son aide une fois par partie pour l'aider à Voir, ces choses qui peuvent échapper aux mortels...
En essayant continuellement on finit par réussir. Donc, plus ça rate, plus on a de chance que ça marche
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Aikau le bo
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Re: Histoires de Gabrielle

Message par Aikau le bo »

Histoire de Gabrielle 2

- « Tu ne m’as pas tué.
- Je t’ai tué.
- Tu ne m’as pas tué.
- Tu es morte devant moi.
- Tu ne m’as pas tué.
- J’étais là, je n’ai rien fait.
- Tu ne m’as pas tué.
- J’avais juré de t’aimer, de te protéger, toujours.
- Tu ne m’as pas tué.
- J’aurais pu faire quelque chose, j’aurais pu réagir à temps.
- Tu ne m’as pas tué.
- J’étais là, je n’ai rien fait.
- Tu ne m’as pas tué.
- Quand les rondins sont tombés, ont roulé, j’aurais pu faire quelque chose.
- Tu ne m’as pas tué.
- J’avais juré, j’avais juré, j’avais juré !
- Tu ne m’as pas tué.
- Je suis responsable, c’est moi qui voulais te montrer ma nouvelle invention à la scierie.
- Tu ne m’as pas tué.
- La scierie c’est dangereux, je le savais, il y a des accidents.
- Tu ne m’as pas tué.
- Alors même que tu étais sous les tonnes de bois, tu me parlais, tu me rassurais. C’étais si gentil de ta part, de me dire ces mots alors que tu rendais ton dernier souffle.
- Tu ne m’as pas tué.
- Tu as beau le répéter, je sais que tu dis cela juste pour me faire du bien. Mais c’est faux, c’est…
- Tu ne m’as pas tué.
- Arrête de dire ça ! Arrête ! Arrête !
- Tu ne m’as pas tué.
- Arrête de le dire ! C’est faux ! C’est de ma faute ! Je devais te protéger ! Je devais…
- Tu ne m’as pas tué.
- J’avais juré ! Alors que je savais que c’étais impossible de le juré, je l’avais juré ! J’étais responsable !
- Tu ne m’as pas tué.
- Je t’aime tant ! Je suis tellement désolé !
- Tu ne m’as pas tué.
- Je t’aime…reste avec moi, parle-moi ma douce, parle-moi…
- Tu ne m’as pas tué.
- Je t’aime tant… reste, reste, reste…
- Tu ne m’as pas tué.
- Je te rejoindrai. Et on s’aimera encore, je te le promets !
- Tu ne m’as pas tué.
- Et je me tuerais immédiatement si j’étais sûr de te rejoindre, tu le sais, hein ?
- Tu ne m’as pas tué.
- Mais je trouverai un moyen, je trouverai un moyen ! Oui !
- Tu ne m’as pas tué. »


Saul Moorcan
Dernière modification par Aikau le bo le mar. févr. 23, 2016 5:03 pm, modifié 1 fois.
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Re: Histoires de Gabrielle

Message par Aikau le bo »

Histoire de Gabrielle 3


- « Pourquoi me tourmentes-tu ? Pourquoi tu ne me laisse pas enfin en paix ?
- Parce que tu ne le veux pas, Saul mon amour.
- Mais tu es morte ! Les morts ne devraient pas tourmenter les vivants.
- Je suis vivante, près de toi, je suis vivante et je t’aime, et tu m’aimes.
- Oui, je t’aime. Tu étais ma raison d’être, mon guide, celle qui m’empêchait de…suivre la voie qui et la mienne, vers les ténèbres.
- Et je le suis toujours. Je reste près de toi mon amour.
- Mais je sombre ! Doucement, très doucement, mais je sombre ! Tu crois que je l’ignore ? Tu crois que je ne me suis pas renseigné, que je n’ai pas lu, que je n’ai pas réfléchi ? Je sais !
- Calmes-toi mon amour, mon beau, mon si triste Saul…je suis là…
- Mais je le sais que tu es là et que tu ne devrais pas. Et je sais que je vais m’enfoncer, toujours plus loin, toujours plus dans les ténèbres, vers l’autre lumière! Ce que je fais, ce que les gens comme moi faisons… cela va au-delà de la science… c’est… je ne sais pas… je sens quelque chose… comme… je ne sais pas.
- Mais tu veux me retrouver, non ? Me serrer dans tes bras, m’embrasser… tu le veux, non ?
- Oui… Oui ! De toute mon âme ! Oui, je le veux !
- Et moi aussi… alors je reste près de toi, tout près... J’attends.
- Oui, ma douce, oui. Reste près de moi, accompagne-moi, toujours…
- Toujours. Toujours à un souffle d’âme de toi, Saul. Proche mais sans pouvoir te toucher, aimante mais sans pouvoir t’aimer, brûlante mais glacée… telle est ma condition.
- Maudite Camarde ! Damné Faucheuse ! Mort ignoble !
- Oui, c’est elle…
- Pluton ! Anubis ! Thanatos ! Hadès !
- Oui, c’est eux…
- Je… je…
- Oui, dis-le…
- Je n’ose, je…
- Dis-le, mon amour…
- C’est… Je…
- Dis-le… Dis-le… Dis-le ! DIS-LE !
- Je… Je vous défie ! JE VOUS DEFIE ! JE VOUS DEFIE !!!
- Oui… »
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Re: Histoires de Gabrielle

Message par Aikau le bo »

Histoire de Gabrielle 4

La mort m’obsède. Elle emplit mon être de manière, paradoxalement, vivante, comme si cette finitude était certes un but mais aussi un début pour moi. La mort m’obsède, mais je ne la crains nullement. Je ne suis pas de ceux qui tentent de l’apprivoiser pour faire cesser une quelconque angoisse existentielle, qui cherchent à l’accepter pour mieux vivre à la manière d’un Montaigne qui disait que « Vivre c’est essentiellement apprendre à mourir ».

Non. La mort me fascine car je sais que ce n’est pas une fin, que ce n’est ni un Néant ni la promesse obligatoire d’un Paradis ou d’un Enfer. La mort est un état dans une succession d’états, un passage, une transition vers un autre état différent mais découlant d’un état précédent. Tout change, tout se transforme, il n’y a de permanence que dans le changement, et ce que l’on nomme « mort » n’est qu’un changement parmi d’autres.

Qui dit changement dit processus. La mort découle d’un processus que l’on nomme « vie », mais n’est qu’une étape dans le plus large processus « existence ». Les lois classiques – et même modernes – de la physique interdisent un retour entropique à sommes nulle vers un état primitif. Il doit impérativement y avoir une énergie externe pour un retour à un état énergétique antérieur même si la dégradation de l’information reste pour l’instant un problème insurmontable, pour l’instant… Les sots qui prétendent qu’ « une fois tiré, le vin doit être bu » se trompent lourdement : avec les bons outils et la volonté, le vin peut être remis dans le tonneau, ou même extrait de l’estomac de celui qui l’a bu, si nécessaire...

Cependant, si l’inversion de l’étape « mort » dans le processus « existence » reste pour l’instant hors de notre portée, la persistance avérée de l’âme après l’étape de « mort biologique » laisse entrevoir un moyen détourné de revenir à un état non pas de « vie » mais « d’existence biologique ».

En effet, l’âme persiste, quelque fois dans ce plan physique, d’autres, du moins si on en croit les Livres Saints, dans d’autres Plans et Arrières Mondes. Ces Arrières Mondes sont, actuellement, trop complexes à atteindre mais, Grâce à Dieu, l’âme restée sur le Plan physique peut, elle, être très facilement manipulée (sans doute est-ce là le symptôme d’un état intermédiaire instable, comme un chariot très lourd presque impossible à soulever mais facilement déplaçable s’il est déjà en mouvement).

Les âmes restées sur le Plan physique après la mort biologique sont en réalité prisonnières car liées à une manifestation physique, par exemple une personne, un objet ou un lieu. Elles ne peuvent se déplacer librement. Détruisez le substrat physique et l’âme s’échappe, rejoignant un Arrière Monde. Casser le lien entre substrat physique et âme liée restée sur le Plan physique – dans le cas de ce que les mystiques appellent « exorcisme », par exemple - sans pour autant laisser échapper l’âme vers un Arrière Monde semble impossible. A moins que…

Impossible de mettre à l’envers un gobelet contenant du liquide sans renverser le liquide ? Bien sûr que si, c’est parfaitement possible si on bouge le gobelet assez vite. Impossible de recoudre un membre coupé ? Bien sûr que oui, si on ne tarde pas et que l’on n’attend pas la nécrose inévitable des tissus. Impossible de briser le lien d’une âme liée à un substrat physique dans bannir l’âme ? Non, c’est possible, pour autant que l’on agisse promptement et que l’on créer énergiquement et immédiatement un autre lien avec un substrat physique disponible.

Mais comment casser le lien sans bannir l’âme liée ? Mon hypothèse est que seule la disparition du substrat physique permet de conserver l’âme libérée les quelques instants nécessaires à la nouvelle liaison physique. En effet, contrairement à un exorcisme, qui vise à couper définitivement le lien, la mort provoque un léger moment de flottement qui permet justement à certaines âmes de se lier. C’est comme courir avec un cerf-volant : lâchez la ficelle et vous avez encore une chance de la rattraper puis de diriger à nouveau le cerf-volant. Coupez la ficelle et vous ne pourrez plus jamais le rattraper et le guider.

Toutefois, tronquer le lien vers le substrat physique et proposer un autre lien ne suffit pas, sinon toutes les âmes de personnes ayant récemment perdu leur lien premier – leur corps biologique en l’occurrence – se lierait immédiatement avec tout substrat disponible, objet ou corps biologique. Non, il faut un type d’énergie particulier pour opérer cette liaison. Souvent, il s’agit d’un traumatisme ou d’un évènement dégageant suffisamment d’énergie pour créer une nouvelle attache. Toutefois, d’autres attaches sont possibles…

Je pose comme hypothèse – étayée par plusieurs observations concluantes – que l’âme, au moment où elle se détache du substrat physique, dégage une petite quantité d’énergie métapsychique mesurable et, surtout, utilisable. Ainsi, si une quantité d’énergie suffisamment importante est libérée au moment même où l’on coupe le lien d’une âme avec son substrat physique, l’âme pourra utiliser cette énergie pour se lier avec un nouveau substrat sans se dissoudre dans un Arrière Monde. Et si, de plus, l’âme peut se lier à un substrat autonome et vide, comme un corps venant de décéder, il est très fortement probablement que l’âme puisse, encore grâce à l’énergie déployée, « relancer » la machine biologique et donc devenir autonome.


Gabrielle, ma belle, ma douce, mon amour. Tu es liée à moi. Tu me tourmente mais reste hors de ma portée. Il faudra encore bien des efforts, bien du temps, bien des larmes et du sang pour que tu me reviennes pleinement mais… la mort n’est qu’une étape d’un voyage bien plus long et je ferai tout pour que nous puissions nous rejoindre à nouveau dans ce Plan. Je le jure.

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Re: Histoires de Gabrielle

Message par Aikau le bo »

Histoire de Gabrielle 5

« Réveille-toi mon amour »

La voix me parvint étouffée, déformée, comme si elle me parlait au travers d’un épais tissu. Je tentais d’ouvrir les paupières : rien, pas un mouvement. Les bras ? Rien non plus, même si un léger picotement semblait naître au bout de mes doigts. Les jambes ? Toujours rien. Etais-je paralysée ? Blessé ? Dans le coma ? Non, j’étais conscient, donc...

« Vite, réveille-toi »

Mais comment ? J’étais réveillé déjà puisque j’entendais la voix de ma bien-aimée, mieux maintenant, même. Un poison ? Une drogue ? Je savais préparer des potions provoquant un état catatonique. Étais-je sujet à un empoisonnement ? Peu probable. De toute façon, mes fidèles compagnons, mes frères d’âme oserais-je même dire, me surveillaient de près ces derniers temps. Je dois avouer que je traversais à nouveau une phase d’une extrême mélancolie et que… ma foi, je concédais – après coup, naturellement – qu’il valait mieux ne pas me laisser seul dans ces moment-là. Mes frères veillaient sur moi – surtout Éric, malgré nos fréquentes disputes. Etrange relation que j’ai avec lui : j’ai l’absolue certitude qu’il donnerait sa vie pour moi, tout comme je me sacrifierais sans hésitation pour le sauver, et pourtant une certaine tension continue d’exister entre nous. Il déteste certains de mes choix, mais est incapable de comprendre ce qui les motive. Il n’était pas jaloux de Gabrielle mais pourtant n’a jamais accepté ma détresse face à sa mort, comme si cette histoire n’avait été qu’une passade et que ma tragédie aurait dû vite être oubliée, au profit de notre groupe. Comment lui faire comprendre que ce traumatisme m’a définitivement mutilé et que seul son soutien, le soutien tout de notre groupe, m’empêche de mettre fin à cette pathétique existence sans but. Peut-être faudrait-il que je me trouve un but, après tout…mais aimer un fantôme qui me hante, ne pouvoir la serrer dans bras ou l’embrasser ? Goûter uniquement le son de sa voix qui…

« Saul ! Il arrive ! Vite »

Ah ? Tiens donc, j’arrive à ouvrir les yeux maintenant. Ma douce Gabrielle qui me tire de mon sommeil, quoiqu’avec une vibration fort désagréable dans la voix. Que veux-tu donc me montrer ? Il n’y a là que notre minable tente trouée, à peine améliorée par mes soins et les « arrangements » de William. Nos quelques affaires personnelles à côté de nos couvertures élimées, à nous simples soldats, survivants hargneux d’une absurde guerre. Ils sont là, mes frères, à dormir paisiblement pour certains, en ronflant (comme toujours) pour Garth, en chien de fusil comme à son habitude pour Will, ou en… Tiens, qu’est-ce donc que cela ? Meeeeerrrrrde ! Bon sang ! Encore une de ces saloperies de rongeur ! Mais c’est pas possible, qu’est-ce qu’ils ont en ce moment ? Et sous ma couverture en plus ! Allez ! Dégage de là, sale vermine !

« Saul ! Saul ! SAUL ! »

…et alors la couverture se souleva et laissa paraître une impossible tête, énorme, blafarde et difforme, où deux immenses yeux vitreux me fixèrent sans ciller mais d’où perçaient un appétit et une haine féroce, appuyée par une bouche étirée de manière cauchemardesque s’ouvrant sur des dents démesurées et carrées, provoquant un son rappelant celui d’os brisés, mâchonnés et sucés. Et la bouche s’ouvrit encore plus grand, toujours plus grand, atteignant maintenant la taille de ma tête, se rapprochant pour me gober puis me digérer éternellement dans des souffrances qui…

- « AAAAHHHHHHH !!!! NOOOOONNN !!!!
- Quoi ? Quoi ?! Qu’est-ce qu’y a ?
- Mais c’est quoi ce délire encore ?
- OH ! Tu te calme Saul ! Arrête de gueuler comme ça !
- Mais faites-le taire ou je l’étouffe avec mes chaussettes !
- Mince, sale mort que celle-là…
- Ouais, et j’déconne pas… Bon alors ? T’es calmé ? C’est quoi encore ? Miss G. a fait des siennes, tu veux qu’Arnie te fasse un câlin ?
- Eh Oh ! L’amour du prochain, tu vas te le prendre dans la face, je suis pas nounou moi !
- T’es pasteur ! C’est pareil, sauf que t’as plus de marmots à charge. Bon, c’est quoi le délire, Saul ?
- …
- Alors ?! Merde ! Tu sais l’heure qu’il est ?! Crache le morceau !
- …IL… IL était là. IL est revenu.

Et tous me regardèrent fixement. Incrédules d’abord mais, voyant mon expression, convaincu de l’inéluctable vérité : Billy Boy nous avait retrouvé. Il était là, pour nous.


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Re: Histoires de Gabrielle

Message par Aikau le bo »

Histoire de Gabrielle 6

Cela faisait longtemps, ma belle. Longtemps que je n’avais pas progressé, que j’errais dans les limbes de ma raison, de mon imagination, de mon désir… le temps passe si vite, si lentement… il est tellement… élastique ! Oui, c’est cela, le temps est comme un boyau s’étirant et se rétractant alors que le fluide vital à l’intérieur continue, lui, à son rythme immuable… mais la nuit dernière, tout s’est accéléré !

Oui, ma belle, j’ai franchi une étape importante hier soir. J’étais en proie au doute, à l’angoisse de ne pas avancer vers toi… quand tout à coup tout est devenu plus clair, plus limpide, comme un voile brumeux qui subitement se lève pour donner à voir le glorieux soleil noir des rêves cauchemardesques réalisés, se transformant en boule étincelante d’énergie plasmique non difractée, pure, terrible et belle… Oui, ma belle, j’ai trouvé ! Ma bague de Lazare fonctionne, je n’en ai aucun doute !

Ils riaient. Ils ne rient plus. Le SoulCatcher fait son œuvre, devient plus puissant à mesure que les âmes – le Grandes Âmes, surtout – tombent en mon pouvoir. Les forces profondes tremblent à mon appel, les barrières se relâchent, se contractent, vibrent au son de Ma Volonté pure. Ils ne voyaient qu’un excentrique, ils commencent à voir le but. Ils voyaient un faible, ils commencent à voir la Force. Ils voient un fou, ils verront bientôt le génie…

La bague de Lazare n’est bien sûr qu’une étape, mon amour, mais quelle étape ! L’humanité à toujours su percevoir, et même à l’occasion manipuler, l’âme persistante en notre Plan physique basique. Mais rares sont ceux qui réussirent à imposer directement leur Volonté aux âmes résiduelles, aux simples scories d’existence pour insuffler pour un moment la Volonté – à défaut de la Vie – à la chair, à la matière en déliquescence irréversible. Je l’ai fais. Je le Fais ! Hahaha ! Oui ! Je ! Le ! Fait ! Tu m’entends, mon amour !? Hahaha !

Comment ? Cela te réjouis mais te fait peur également ? Ne t’inquiète pas, ma belle, cela n’est qu’une escale dans mon périple vers toi, ou plutôt devrais-je dire dans ton voyage vers moi. J’ai appris à me servir des âmes, à les invoquer, à les convoquer, à les soumettre. J’ai également appris à relever temporairement les morts. Un jour, j’apprendrai comment te ramener définitivement dans notre Plan. Oh ! je le sais bien. Qu’importe le nombre d’âmes, et peut-être même qu’importe le nombre de Grandes Âmes. Une fois que lien est brisé, on ne peut plus le renouer mais tout juste utiliser l’Âme dans notre Plan pour un temps toujours limité. Mais… je sens qu’il y a autre chose… Quelque chose de plus grand, qui peut faire le lien. Un vaisseau, un transport sur lequel tu pourrais monter, mon amour, et qui te guiderais vers notre monde. S’il existe une Entité suffisamment puissante pour déchirer le voile, pour passer d’un monde à l’autre, alors je traquerai cette Entité et en ferai ton vaisseau, ma belle, je te le jure !

Saul Moorcan
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Re: Histoires de Gabrielle

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Histoire de Gabrielle 7 : Invocations

- «  Ô toi, déesse de l’abîme par-delà le temps, celle qui est vivante et morte à la fois. Ô toi, esprit de la pureté vengeresse, bâtisseuse de pont entre les Mondes. Ô toi, héraut de la Parousie, dernière et première, commencement et fin, je t'invoque ! Entend ici ma volonté, répond à mon supplique, accepte mon don d'âmes mortelles et immortelle. Apparaît maintenant, je te le demande !
- ...
- Je te le demande, moi Saul Moorcan ton serviteur dévoué !
Saul ?
Oui, ô déesse ? Je suis là, et tu es là, et nous sommes.
Saul mon amour ?
Oui ma chérie ?
Mais qu'est-ce que tu racontes ?
Quoi ? Ça ne te plaît pas ?
Non mais, c'est quoi ce charabia ?
Ben, je me suis dit qu'on pourrait monter un petit spectacle, gagner un peu d'argent, les foires, les cirques tout ça. Je pourrais t'invoquer et tu apparaîtrais, et tu répondrais à des questions, ce genre-là. Seulement, bien sûr, les esprits simples ne sont pas prêts pour comprendre la science moderne, la négantropie, les équations moorcanienes, la métempsychose pratique et mon psychopompe, tout ça... alors il faut un peu de mise en scène, tu vois ?
Saul, mon doux Saul, mon si beau et si gentil Saul...
Oui, ô Gabrielle ma déesse ?
Tu te fiches de moi ?
...Voui...
Hihihi ! Oh ! Saul, comme tu es drôle ! Je t'aime tellement !
Merci ma douce. Tu sais, des fois j'ai l'impression que les gens me trouvent bizarrement triste, alors que je suis plutôt d'un naturel joyeux normalement, quoique légèrement mélancolique à l'occasion.
Non, non, tu es très amusant et drôle, mon amour, c'était un très bonne blague. J'aimerais bien voir la tête des spectateurs si tu sortais un pareille galimatias. Tu pourrais aussi te présenter, dire que es Saul le tueur, le chasseur de monstres qui est ami avec l'un d'entre eux. Oui, il te faut des titres à toi aussi ! Le professeur Saul Moorcan. Non ! Le docteur Saul ! Oui, pas mal je crois. Le docteur Saul, celui qui défie la Mort, qui la nargue, qui joue avec elle. Celui voit au-delà de la vie, qui plonge son regard dans l'abîme et en revient changé. Saul, l'invocateur ! Saul le vengeur ! Saul le dévoreur d'âmes ! Celui qui crache à la face de la Camarde, qui provoque les Entités et les asservies. Saul « d'entre les Mondes », Saul l'immortel, avec à son bras son amour non-mort et dans son dos ceux qui grignotent et qui chuchotent, avec leurs longs doigts effilés qui tirent et étendent sans relâche la Déchirure...
...
...
Euh.. ? Chérie ?
...
Gabrielle ? Tu blagues là, non ?
...
Gabrielle.. ? »
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Re: Histoires de Gabrielle

Message par Aikau le bo »

Histoire de Gabrielle 8

La solution est là ! Enfin, après toutes ces années de doutes, d’incertitudes et de désespoir. J’ai- Trou-Vé ! Alléluia ! Eureka ! Hahaha ! Je suis si heureux, ma chérie ! Enfin je vais pouvoir te serrer dans mes bras, t’embrasser, te sentir et te goûter. Enfin, je vais te retrouver pleinement et plus uniquement sous ta forme éthérée. Enfin, après toute cette souffrance. Enfin…

Comment ? Mais tout simplement, bien sûr. La solution était là, avait toujours été là, devant moi. Pourquoi ne l’avais-je pas trouvé avant, alors que c’était élémentaire ? C’est le professeur Tesla, au détour d’une conversation badine sur les différentiels énergétiques transplanaires, qui m’a donné l’idée si simple et si élégante. A partir de là, il m’a suffi de mettre en équation, et voilà ! Quelle formidable leçon : la puissance scientifique de l’association des parties est supérieure à leur simple addition !

Quelle joie, quelle allégresse ! Ah ! ma chérie ! Nous allons connaître le bonheur, enfin réunis, ensemble, toi mon âme sœur, toi ma compagne, toi qui hantes chacune de mes pensées. Il reste juste un dernier détail à régler. Oh ! trois fois rien, ne t’inquiètes pas. Il faut juste encore trouver un support physique adéquat pour ta récorporation. Il faut dire que mes compagnons ne sont guère aidants, mais comment leur en vouloir, eux qui ne connaissent pas le sens du mot « amour » ? Pourtant, bon sang, ce n’est quand même pas grand-chose que je demande, non ? Une enveloppe physique de qualité, cela court les rues en cette période sombre. Mais non ! Alors que je passe mon temps à apprendre laborieusement à piloter autogyres et autres engins volants, mes chers compagnons n’ont rien d’autre à faire que de s’occuper des provisions de bouche et des munitions. Personne pour m’aider, personne pour me soutenir, personne pour nous réunir, ma chérie. Il n’y a que moi, rien que moi, pour toi mon amour. Nous deux contre le reste du monde, haha !

Haha !

Hahahahahahahahahaha !!!!!!!!
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