James Pollder

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Modérateur : Chimel

chernobyl
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James Pollder

Message par chernobyl »

Introduction
James Pollder est né le 24 décembre 1818, dans la ville de Waterford en Irlande. C’était une nuit particulièrement froide et le petit feu, dans l’âtre de la cuisine, parvenait tout juste à faire chauffer un petit peu d’eau. À vrai dire, sa mère ne survivra pas à cette nuit, offrant le peu de chaleur qu’elle pouvait offrir à son petit garçon. Le froid de cette nuit a laissé son empreinte dans deux lieux principaux. D’une part dans ses yeux, bleus comme la glace, d’autre part dans le cœur de son père, qui ne pardonnera jamais à James d’avoir emmené la femme qu’il aime.
Son père ne s’est jamais vraiment occupé de son fils, trop occupé à dépenser ses maigres revenus dans le pub local. Il ne rentrait que tard le soir, afin de détendre sa ceinture sur les fesses de son fils. Quoi que James n’ait jamais pu faire, ce n’était jamais suffisant pour son père. Il a donc appris ce qu’il pouvait apprendre dans la rue, à l’aide d’autres jeunes aussi soutenus par leurs parents que lui. Parmi ceux-ci se trouvait la jeune Emilie O’Sullivan, une charmante jeune fille dont le père travaillait dans la construction navale. Il faut dire que la famille Malcomson était en train de construire la plus grande flotte maritime de cette époque.
En 1828, James avoua sa flamme à Émilie, qui fut ravie de lui répondre favorablement. En 1829, Peter, le père d’Émilie est parti sur l’un des bateaux qu’il avait construits, en partance pour les Amériques, avec sa famille. James avait deux raisons de les suivre. Premièrement, il souhaitait fuir son père, ensuite il souhaitait suivre Émilie. Il s’arrangea donc pour embarquer clandestinement sur le navire et, quand il a été détecté, pour se faire engager comme mousse sur le bateau. C’est comme cela qu’il rejoint les états unis.
Rapidement, Peter s’est rendu dans la région de Deepwood, une colonie partait dans cette direction et il savait que ses talents de charpentiers lui seraient utiles. Lui qui rêvait de liberté, c’est le rêve américain qui lui tendait les bras.
De son côté, James avait profité du voyage pour parfaire ses connaissances, quand Émilie ne le rejoignait pas dans l’une des cales du bateau. C’est ici que, pour la première fois, James rencontra le révérend Bird. Homme de bien, s’il en était, il se refusa d’abandonner le jeune homme sur le bateau, les légendes à propos des passagers clandestins étaient nombreuses et leur sort rarement agréable. Il invita donc le jeune homme dans sa cabine durant les deux premiers mois du voyage. C’est un de ces moments qui forgea James. Le révérend prit grand soin du jeune homme. Il lui offrit de quoi manger, certes, mais pas seulement. Il lui offrit également des rudiments de connaissances, un peu de lecture et une forme de code d’honneur. C’est durant cette période que James fit la connaissance de celui qui ne le quitterait jamais. Dans sa cabine, le révérend avait un gros chien, un berger de Beauce à ce qu’il disait. Le chien du nom de Ghost aurait pu servir de monture au jeune homme tant il était grand et ses oreilles, torsadée au-dessus de sa tête laissait croire qu’il s’agissait finalement plus d’un démon que du meilleur ami de l’homme. Néanmoins, James apprit à aimer cette bête qui, des jours entiers, était son seul compagnon. Sans qu’il puisse réellement l’expliquer, James commençait même à croire que la bête comprenait ce qu’il disait, bien plus qu’un chien normal n’aurait dû le faire.
Le dernier mois, James n’arrivait plus à rester enfermé dans la cabine et prit le risque de se rendre sur le pont. Mal lui en prit puisqu’il a rapidement été repéré par l’un des marins, qui le traîna par la peau du cou jusqu’au capitaine. Celui-ci le jugea comme passager clandestin et allait le faire passer par-dessus bord lorsque Peter se manifesta. Il avait reconnu le jeune homme et ne pouvait rester insensible au sort du petit. Il l’annonça comme son fils, qui était resté dans la cabine jusqu’alors, car il était malade, ce qui sauva le petit d’un bain non désiré. Le trajet n’était plus très long et le révérend avança une petite somme pour que les choses se déroulent pour le mieux.
James profita de cette seconde partie du voyage pour faire bonne impression auprès de Peter. Il était jeune, certes, mais il savait qu’Émilie était faite pour lui, qu’il était fait pour elle, et qu’ils ne pouvaient pas se séparer. Il lui fallait donc donner une suffisamment bonne impression au père de cette dernière pour qu’il accepte de s’encombrer d’une bouche à nourrir supplémentaire. Défi qu’il mena à la perfection puisque Peter vit en lui le fils qu’il n’avait jamais eu. Le petit était débrouillard, apprenait vite et gardait le sourire en toute situation. Après tout, James avait déjà connu de bien pires situations… Et il y’avait Émilie. Sans doute était-il trop tôt pour annoncer leur relation ? Il fallait juste que cette dernière ne tombe pas enceinte après un baiser un petit peu trop appuyé...
Une fois sur la terre ferme, Peter se renseigna rapidement sur les différentes opportunités du moment. Les bateaux charriaient un nombre effroyable de personnes et toute opportunité perdue ne se représenterait plus. Il fallait saisir chacune de celles-ci et tout de suite. Tout de suite, et c’est ce que Peter fit. Un petit groupe, quelques centaines de personnes décidèrent de se rendre dans une nouvelle colonie, à l’ouest de l’Illinois, les gens n’osaient pas encore parler du territoire de l’Iowa. Chose amusante, se dit-il, il reconnut le révérend Bird dans la petite équipée. Cela même alors qu’il n’eut pas réellement le temps de discuter avec lui. Il était néanmoins content de savoir que le vieil homme serait des leurs dans son nouveau village. Il avait encore beaucoup à apprendre. Ils marchèrent durant plusieurs mois, certains s’arrêtant en cours de route, jusqu’à atteindre une petite vallée, découpée par une rivière, à la lisière d’une forêt. Le lieu semblait parfait pour s’installer, et c’est ce que le petit groupe fit.
Il se rappellera longtemps cette première nuit. Ils étaient épuisés par leurs longues marches, les gens somnolaient, les ombres dansaient au rythme des flammes du feu qu’ils avaient fait pour se réchauffer. Puis, sans que James les remarque vraiment, d’autres ombres se sont mêlées à celles des futurs villageois, des ombres plus rouges, des ombres que l’homme blanc ne connaissait pas encore. Ce soir-là, si Bird n’était pas intervenu, sans doute les choses ne se seraient-elles pas déroulées de la même manière. En effet, avant que d’autres ne se retournent, que leurs regards ne se posent sur ceux qui étaient là avant eux, Bird se leva, prétextant devoir se retirer pour une raison quelconque, et se rendit en direction de la forêt, suivit de près par les différentes ombres. Intrigué, James suivit le petit groupe, aussi discrètement qu’il le put, sans pour autant parvenir à retrouver cette étrange troupe. Il retourna donc vers le feu, vers Émilie, vers sa flamme. Le lendemain, tout était redevenu comme avant. James n’osa pas demander au révérend ce qu’il s’était passé, de peur d’avoir rêvé et de passer pour un idiot.
La construction du village se déroula relativement bien. Ils étaient partis tôt dans l’année, si bien qu’ils étaient prêts à accueillir le froid quand il arriva. Les maisons se construisirent, le commerce se mit en place, et ce qui était un hameau de maison devint rapidement la petite ville de Deepwood. Une chose néanmoins ne parvenait pas à sortir de la tête du jeune garçon. De nombreux côlons d’autres lieux transitent par Deepwood et le saloon fonctionnait bien. Ils étaient ainsi au courant de ce qu’il se passait dans la région. Il comprit que des êtres, des natifs, vivaient dans cette région avant qu’ils n’arrivent et que souvent, ceux-ci n’acceptent que difficilement que les hommes blancs prennent leurs terres. Pourtant, ici, rien de tel. Il y avait bien quelques légendes, par exemple le révérend Bird a annoncé qu’une partie de la forêt était tout comme la colline des pendus était maudite, si bien que personne n’osait s’y rendre. Durant plusieurs années, c’était d’ailleurs le seul péril qu’a connu la cité, si l’on exclut quelques créatures sauvages.
Les premières années passèrent lentement à Deepwood. Peter fit en sorte d’inculquer les bases de la menuiserie à James. Rapidement, celui-ci devint indispensable à son père adoptif. Il n’était sans doute pas le plus adroit de ses mains, mais cela n’avait pas d’importance, il pouvait mettre en place certaines pièces plus grossières, mais néanmoins indispensables. James profita également de ce temps pour se rendre chez le révérend Bird, y quérir quelques informations supplémentaires. Le révérend Bird accueillait, généralement, à bras ouverts le jeune James, non pas que celui-ci soit le plus fidèle de ces ouailles, à vrais dire, James ratait bien souvent la messe, mais davantage, car il était un enfant intéressé à apprendre, vierge de préjugés. Quelques soirs cependant, Bird était d’une humeur moins joyeuse. James le surprit de temps en temps, de manière générale à la pleine lune, sortir de chez lui pour se rendre dans la forêt. Il a rapidement compris qu’il ne servait à rien de le suivre, car celui-ci disparaissait de ses yeux après une courte distance, comme la première nuit. Ces nuits-là, James apprit à attendre le vieux Bird devant chez lui, assis sur la petite palissade de bois, car le vieilli homme changeait. Il restait le même vieux monsieur aux cheveux gris, à la barbe naissante et aux traits trop doux pour être honnête, mais il était plus sombre. En revenant de la forêt, il ne donnait pas ses courts de lecture, il ne parlait pas de dieux, ces nuits-là il parlait d’un monde étrange, peuplé de créatures plus ou moins humanoïdes. Il racontait que certaines de ces créatures n’étaient pas si loin de nous. James adorait ces histoires, sans réellement y croire, il s’agissait pour lui de jolies légendes. Pour autant, elles étaient tout le temps différent et dans son imaginaire, James rêvait de rencontrer un jour de telles créatures.
Durant ce temps, James grandissait devenant un assez beau jeune homme, Bird, lui, déclinait de plus en plus et, en 1836, peu avant la majorité de James, Bird lui fit une étrange demande. Il devait se rendre dans la forêt et… il saurait ce qu’il devait faire ensuite. Afin de le protéger, lui dit-il, il lui remit un petit sac de cuir qu’il devait s’attacher autour du cou. Le sac contenait différentes herbes et sentait fort, mais au moins, se dit James, il serait protégé.
James s’exécuta, sans demander plus d’information. L’hiver était certes rude en cette période, la neige tombait dru et James qui n’avait initialement pensé que se rendre chez Bird n’avait pas réellement prévu d’habits pour se rendre dans la forêt. Mais il voyait que l’état de l’homme n’était plus ce qu’il était, et il se dit que de lui ramasser un peu de bois ne pourrait que le réchauffer. Il mit donc ses chaussures, sortit de la demeure du vieux révérend et se dirigea vers la vieille forêt. Il se sentit investi d’une force qu’il ne se connaissait pas. Après tout, certes, cette forêt était maudite, mais…. Il y allait pour le révérend, ce n’est pas rien. Et peut-être pourrait-il y découvrir certaines des créatures dont il a tant entendu parler ? Ses premiers pas dans la forêt étaient sûrs, les seconds, dès le moment où il ne pouvait plus voir la lisière, l’étaient beaucoup moins. Quand les ombres des arbres ne se distinguaient plus les uns des autres, il commença même à regretter sa décision hâtive. Peut-être aurait-il dû prendre un manteau ? Une arme peut-être ? Que pourrait-il faire, lui, contre une des créatures qu’il allait probablement rencontrer ? Il n’allait pas sortir un pistolet de son étrange petit sac… Il tremblait comme une feuille que le vent tente de chasser en automne, sans savoir si cela était dû au froid ou à la peur, serrant comme il le pouvait le petit sac de cuir.
Ce n’est pourtant qu’après de longues minutes de marches que quelque chose se passa, et sans doute pas ce à quoi James s’attendait. En se retournant, une fois de plus, afin de voir s’il reconnaissait le chemin, James se rendit compte qu’il était suivi. En effet, à quelques mètres derrière lui, debout au milieu de la route, se trouvait un homme, assez grand, et qui ne venait probablement pas de Deepwood. Ce n’était pas très difficile à voir. Déjà, il ne portait pas des habits de la ville, plutôt une grande peau d’animal tannée pour se tenir chaud, une étrange coiffe sur la tête, constituée d’une parure d’andouiller. Mais surtout, ce qui surprit James c’était la peau de cet homme. Une peau tannée, rouge, d’un homme qui a vécu. À une autre date, en un autre lieu, James aurait sans doute ri d’un tel déguisement, mais ce soir, il était content de ne plus être seul. D’autant plus que l’homme ne semblait pas agressif envers lui. Au contraire, il lui posa une peau sur les épaules afin qu’il ait moins froids, puis dit simplement les mots « Sébastian Bird ». James ne comprit pas tout de suite de quoi il retournait, jusqu’à ce que l’homme indique la direction du village. James revint donc sur ses pas, sans avoir ramassé de bois, accompagné de cette étrange personne. La coïncidence était trop importante pour qu’il ne s’agisse pas de la raison de sa venue dans la forêt.
Tout dans le village semblait être fait pour que leur arrivée ne soit pas remarquée. Le vent charriait les flocons qui tombaient plus fort encore que lors de son départ. Les traces de pas disparaissaient après quelques secondes et il était difficile de voir les fenêtres des différentes demeures au travers du mur de neige alors qu’elles, elles étaient éclairées. James ne s’inquiéta donc pas de se faire voir avec son étrange invité qui, lui, ne semblait pas s’inquiéter de quoi que ce soit. Aucune émotion particulière ne semblait paraitre sur le visage de son compagnon de voyage.
Il ouvrit la porte de la demeure de Bird, laissant un instant le froid entrer dans la pièce, souffler la petite bougie sur la commode à côté du vieil homme. Celui-ci ne dormait pas, même s’il ne pouvait plus sortir de son lit depuis plusieurs jours, mais attendait James. Il sourit en voyant les deux hommes entrés, ce qui rassura le jeune homme de n’avoir pas commit une erreur. Le Sauks, puisque James allait apprendre qu’il s’agissait d’un Indien de cette tribu, sortit quelques herbettes d’une sacoche qu’il avait sur lui, s’approcha de Bird et les lui donna, James de son côté attisa les cendres de l’âtre, afin de réchauffer un petit peu la pièce, et ralluma la petite bougie. Cette soirée allait marquer un tournant dans la vie de James.
Sébastian Bird s’assit, avec difficulté, mais seul, sur son lit, et commença à instruire James. Il lui indiqua qu’une partie de ce qu’il lui avait raconté, et que James prenait alors pour des légendes, était vraie, d’autres parties étaient un peu arrangées, mais rien n’avait été entièrement inventé par lui. Il lui expliqua que, la première nuit, lorsqu’il l’a vu quitter le camp, il avait rejoint un groupe de Natifs qui s’était approché du camp, afin de discuter avec eux. Il savait que le groupe avait l’intention de s’établir en ce lieu, et il ne souhaitait pas que la situation puisse devenir compliquée avec les occupants des lieux. Ce soir-là, il a passé un pacte avec eux, un pacte qui l’engageait lui, ainsi que la communauté de Deepwood.
Ce pacte comprenait différents éléments. Il a pris sur lui de maintenir fermée la porte vers les terres de chasses située sous la colline du pendu. En contrepartie, les Sauks ont autorisé les colons à établir leur village dans la vallée, à condition que ceux-ci s’astreignent à une partie précise des bois, sans chercher à en vouloir plus. Il savait que les futurs habitants de Deepwood ne comprendraient pas, les règles de ce Nouveau Monde sont parfois difficiles à appréhender pour des étrangers, c’est pourquoi il a inventé cette histoire à propos de bois maudit. Après tout, qui irait contredire un révérend disant que le diable a élu domicile dans un bois ?
Malheureusement pour James, cela n’était pas si simple, et c’est en relevant ses longues manches, dévoilant de nombreuses scarifications, que le jeune homme comprit que ce pacte passait également par le sang. Sébastian devait, régulièrement, se rendre vers l’une des pierres de la forêt. À l’aide d’une dague, il s’enrayait alors profondément la peau, laissant son sang couler le long de ses doigts afin de tomber sur la pierre. Il ne sait rien de cet étrange rituel, mais cela semblait être suffisamment important pour que les Sauks acceptent de les laisser vivre ici, et c’est pour cette raison que Bird avait besoin de James. Il lui faisait confiance et d’une certaine façon, il l’avait formée à ce qui allait arriver. Il fallait maintenir la continuité du pacte, et Bird savait qu’il ne lui restait plus longtemps. Il demanda donc à James de reprendre, sur ses frêles épaules, le pacte qu’il avait commencé il y a de cela quelques années, sans oublier de lui préciser que cela ne serait sans doute pas facile.
James accepta rapidement, sans vraiment savoir pourquoi, mais il savait qu’il devait dire oui. Bird lui avait énormément donné, sans jamais rien exiger de lui, et il est vrai que ses nombreuses histoires avaient fini par lui donner envie d’en savoir plus. Il accompagna donc Bird pour son dernier voyage, accompagné de cet étrange homme rouge, chacun d’eux soutenant le vieil homme qui parvenait tout juste à tenir sur ses jambes.
Ils marchèrent ainsi quelques dizaines de minutes, dans la neige, dans les ombres, dans la nuit. Tous les repères que James avait pu trouver semblaient avoir disparu, il ne savait, à vrais dire, plus vraiment où il se trouvait, ni quand, perdant tous ses repères sur le chemin que les deux hommes semblaient bien connaître. Au bout de ce chemin, le petit groupe arriva dans une clairière, ce soir sans lune ne permettait pas réellement d’observer les contours de celle-ci, mais quelque chose au centre attirait particulièrement son attention. Une pierre, qui n’avait rien de particulier, qui semblait parfaitement ordinaire, comme toutes celles qu’il avait pu voir jusqu’à ce jour, mais qui semblait pourtant tellement différent.
Le petit groupe s’approcha de la pierre, sans se presser. Bird releva sa manche, faisant signe au jeune homme de faire de même, et le natif sortit une petite dague ouvragée. Bird fit un signe au Sauks, sans doute pour le remercier, il prit la lame et vint entailler l’avant-bras de James, puis le sien. Est-ce qu’il fallait une continuité au sang ? Est-ce que Bird souhaitait simplement que le moment soit un peu plus dramatique ? James ne pourra jamais répondre à la question. Ils collèrent leurs bras l’un à l’autre, mélangeant leurs sangs, laissant de fines goutes d’eau rouge tomber sur la pierre, dans un silence de mort. James planta ses yeux dans ceux du vieil homme, des yeux de la couleur de l’hiver, et il vit la vie quitter le vieil homme avant même qu’il ne puisse lâcher le bras de celui-ci. Rapidement, les larmes lui montèrent aux yeux, glissant le long de sa joue alors que le révérend tombait lourdement dans la neige. James ne savait pas trop que faire, il observa un instant l’homme rouge, sans jamais y voir d’émotion. Celui-ci lui demanda alors de retourner au village, et de ne parler de ce qui venait de se passer à personne. Il fut étonné de sa facilité à retrouver le village, comme si la forêt le guidait sur un chemin invisible, et il fut ravi de retrouver les bras chauds d’Émilie. Il trouva facilement une excuse pour la blessure à son bras et prétexta être exténué pour ne pas avoir à parler de ce qui lui était arrivé.
Le lendemain matin fut bien triste pour James, et il s’inquiétait de ce qu’il allait advenir. Avait-il rêvé ? Son bras lui rappela bien vite la triste réalité. Il se dépêcha de s’habiller, et courut chez le révérend, il restait en lui une once d’espoir, peut-être s’était-il simplement évanoui à cause du froid ?
Il ouvrit la porte de la petite habitation, et observa, rassuré, que le vieil homme était allongé sur son lit, Ghost, comme à son habitude, avait la tête posée entre les pieds de son maître. Il sourit donc, convaincu que le vieil homme avait fait le chemin de retour par lui-même. Sa joie fut néanmoins de courte durée, le chien releva la tête, de grandes larmes avaient coulé le long de son museau, il laissa paraitre un gémissement à fendre la pierre en pressant de son museau le pied de son maître, espérant sans doute le réveiller. James constata rapidement que le révérend était froid, raide, et qu’il ne respirait plus. Il tomba à genoux, observant le cadavre du vieil homme, se prit la tête dans les mains, et pleura de longues minutes. Il ne savait pas de quoi l’avenir serait fait, mais il savait qu’il serait radicalement différent. Il fut rejoint peu après par le gros chien qui, sans que le jeune homme s’y attende, dépose sa lourde tête sur ses chausses. James allait faire ce qu’il pouvait pour que l’enseignement de celui qu’il voyait comme un père lui survive après sa mort. Que le cadeau qu’il avait fait aux habitants de Deepwood ne soit pas perdu, même si ceux-ci ne devraient jamais savoir à qui ils devaient leur tranquillité. Il comprit également, à ce moment, qu’il ne serait plus jamais seul.
Cette fin d’année ne fut pas des plus reposantes pour la petite ville de Deepwood. En effet, cela faisait quelques années déjà qu’un criminel sévissait dans la région, un dénommé Billy Boy. Il était de la taille d’un homme, avait encore certains traits d’un enfant, et semblait prendre un réel plaisir à voir souffrir les autres personnes. Cet homme venait de se faire capturer par Peter, qui trouva l’homme endormi au pied d’un sapin. Il l’attacha rapidement avant de l’emmener au village. Un tribunal populaire se mit rapidement en place, James eut même l’honneur d’y participer, sans réellement comprendre ce qu’il faisait là, et il fut décidé à lyncher l’homme. C’est le 23 décembre que Billy Boy fut pendu, sur la colline du même nom, et la pleine lune veilla sur l’homme toute la nuit, s’assurant comme un phare que celui-ci ne pourrait pas échapper au défi qui était le sien… ou le guidant vers les plaines de chasses.
À vrai dire, James n’avait pas vraiment fait attention à ce qu’il s’était passé avec ce criminel. Trop d’histoires et de récits tournaient encore dans sa tête, et la mort de Bird était encore un souvenir lourd à son cœur, seule Émilie parvenait encore à lui changer les idées, à lui redonner ce sourire qu’elle chérissait. C’est pourquoi il n’attendit pas plus de trois jours après sa majorité pour lui demander sa main… ou plutôt la demander à Peter. À sa grande surprise, lui qui croyait avoir été discret, Peter acceptât, sans doute influencé par sa femme qui avait compris depuis longtemps ce qui se tramait. L’accord fut donc donné, et c’est le nouveau révérend, Martin O’Neal, qui les maria dans la petite église par une froide journée de janvier 1937, le jeudi cinq pour être précis. Ils emménagèrent peu après dans l’ancienne demeure de Bird. Le modeste logement, un petit peu en dehors du village, ne semblait pas convenir au révérend O’Neal qui lui préférait une demeure accolée au temple.
C’est durant le mis avril que James fut une nouvelle fois surpris par le feu révérend Bird. En déplaçant une fois encore les quelques meubles de la bâtisse, il put observer que le plancher contenait une trappe. Elle n’était pas profonde, mais elle avait visiblement servi à son mentor pour y cacher quelques documents, quelques pensées. L’homme d’Église se voulait philosophe, et ses relations avec le seigneur n’étaient pas toujours aussi claires qu’il y paraissait. Ses motivations, tout en restant nobles, étaient plus proches de l’humain que du divin. Il semblait regarder… ou plutôt voir le monde de l’œil de ceux qui savent que la vérité se cache au-delà du simplement visible.
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Chimel
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Re: James Pollder

Message par Chimel »

Cool!
Superbe re-écriture de backgraound de James! J'adhère complétement!
En essayant continuellement on finit par réussir. Donc, plus ça rate, plus on a de chance que ça marche
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