Derronan - Journal d'une "mercenaire" : recueil de courriers

Chroniques de ce nouvel Univers

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Klorjan
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Derronan - Journal d'une "mercenaire" : recueil de courriers

Message par Klorjan »

Jour 517, le douzième jour d'Arrean 1336, Sterne, baronnie d'Inisda.

Tu me manques.

J'arrivais en le village de Sterne de la baronnie d'Inisda deux jours depuis, et envisageais de rallier la grand-ville au plus tôt. Le royaume d'Anken peut parfois prêter à la surprise : en l'auberge où je logeais, se prélassait une colonie de sangs elfiques... Trois pour être précise et une semie. Loin des standards de ceux que le Duché connait, ils me semblaient on ne peut plus pittoresques, bruyants et dérangeants. Ce ne fût évidemment pas de mon chef qu'il me fallut les aborder. Ni du leur d'ailleurs. Un événement local nous réunît sous une bannière unique le temps de contrecarrer une escarmouche contre des travailleurs du bois des lieux.

Imagine ma réaction en comprenant l'attaque d'un camp de bûcherons en lisière de forêt. Ma lame et ton honneur au dehors. Mais mon chemin fut emprunté par les quatre et un des nôtres. L'unique mâle du troupeau auriculo-pointiforme ne semblait connaître les autres. Suivi comme l'ombre des odeurs par un chouettard, il n'était que peu bavard mais ses mots étaient ceux de l'énergie des mages. Tu ne sauras deviner son nom, mais celui du compagnon rapace est Gwen. Illuminées, les deux autres avaient de nombreux atomes crochus. Leur complicité avaient presque quelque chose de malsain malgré leur frivolité et leur désinvolture perpétuelles. Inexpérimentées selon leurs mots, au sortir même d'études dont je n'ai su déterminer vraiment la nature, elles paraissaient au contraire clairement tenir le chemin concernant les affres des routes : l'une touchait de Nature alors que je ne sais exactement déterminer si la plus rude est une débrouillarde des villes ou des bois. La dernière sang elfique -la semie- incantait aussi mais ses déclamations étaient plus les vers du héraut que de la distorsion des choses établies. L'unique de nos frères était trop taciturne pour que mon âme ne sonde son regard, mais la lame lui seyait en combat.

Car nous nous battîmes. Ce camp était infesté par une cohorte désorganisée de mercenaires à la botte d'un commanditaire sans nom. Ils en avaient pris possession, sans aucune dignité, ayant fait couler le sang. Des lycanthropes. Je ne sais si tu eûs déjà croisé ce type d'animaux mais aujourd'hui l'acte est. Nous combattîmes, vainquîmes. Ensemble... enfin, je suppose. Les tergiverses de ce qu'il nous fallait faire du chef prisonnier nous conduisirent auprès du chevalier garant des armoiries d'Inisda à Sterne. L'aurais-tu achevé ? Il sera interrogé par les autorités de la baronnie.

En attendant, je crois que j'ai un temps à passer en compagnie de ces êtres ; ils semblent respectables.
Dernière modification par Klorjan le mer. avr. 23, 2014 2:42 am, modifié 7 fois.
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Re: Journal d'une "mercenaire"

Message par Klorjan »

Jour 520, le quinzième jour d'Arrean 1336, Sterne, baronnie d'Inisda.

Tu me manques.

L'interrogatoire du lycantrope ne portait pas plus ses fruits que ceux que la bardesse semie avait cueillis lors d'un contrôle spirituel.

Les six que nous sommes prîmes donc choix de joindre une tour qui ne saurait être jointe. Tu aurais aussi été intrigué. Les talents de mes compagnons du moment s'affirment d'heure en heure. L'utilisateur des mots mystiques et la plus imposée des deux lève-ta-robe ont su user d'ingéniosité pour rallier cette bâtisse qu'une aura protectrice contraignait à éviter. Le premier enjoignit son animal nocturne à tracer une route qui aurait fait perdre l'esprit à toute âme pourtant saine, tandis que la seconde avança les yeux clos, car cette tour de vue faisait en sorte que nos pas en soient détournés. Une fois en intérieur, la visite opérée sembla ne rien engager : plusieurs étages, beaucoup de vide. La tour était inoccupée. Les êtres qui l'avaient jadis peuplée s'étaient éteints depuis des millénaires. Une statue nous offrit leur morphologie et des registres plus vieux que bien des civilisations leur chute. Les elfes. Ils ne fallait pas que ces in-folio tombent au main des elfes, leurs éradicateurs. Dommage.

La déclameuse me vrille de nervosité : elle ressemble en tous points à ces hérauts qui apportent la sombre nouvelle avec un sourire béat et les enjolivures d'une voix chantée abrutissante. Comme celui qui m'apporta ton départ. Dérangeante.
L'humain reste dans son mutisme, semblant tous nous jauger de son regard sans fond, je ne sais comment l'aborder. Dérangeant.
Le propriétaire de Gwen fait preuve d'une présence d'esprit presque aussi imposante que peuvent parfois l'être ses silences. Je ne sais d'où il vient ni ce qu'il cherche. Dérangeant.
La naturaliste -qui doit être une druidesse échappée de cours peu explosifs- rétorque nonchalamment à sa compagne -au semblant en quête de maturité- qu'elle n'a rien à se reprocher quant à leur départ et pourtant l'une comme l'autre, aussi ouvertes d'apparence soient elles , paraissent cacher des motivations que je ne comprends pour le moment. Dérangeantes.

J'avance.
Dernière modification par Klorjan le mer. avr. 09, 2014 8:46 am, modifié 3 fois.
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Re: Journal d'une "mercenaire"

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Jour 523, le dix-huitième jour d'Arrean 1336, Locs, baronnie d'Inisda.

Tu me manques.

Qu'aurais-tu fait? J'aurais voulu que tu nous joignes. L'analyse des in-folio en notre possession ne pouvait être complète en Sterne. Rallier Inisda et potentiellement le magus du Baron était la solution. Je ne sais si les non-morts étaient de ton paysage mais notre route prit le chemin conduisant à un groupe de ce type de sans-âme. Un négociant en bois avait emprunté tel raccourci qui m'intriguait et la destinée choisît de nous faire croiser l'immondice. Chance ou malchance. Les quatre sangs elfiques se battirent. Je ne dégainais que pour la forme tant leur maîtrise combinée leur permit rapidement d'occire les relevés du chaos. Impressionnants, déroutants mais impressionnants. Nous découvrîmes la source de l'attraction de squelettes résurrectés : un artefact abject. Je me rends compte que mes comparses n'ont de stupidité ou de mutisme qu'une façade, cependant tu n'aurais pas pris en grâce ledit artefact. Convoité par le magicien et adopté par l'irritante bardesse, cet os sculpté d'un verdâtre repoussant -symbole de vie selon elle- suivît nos pas. A sa guise.
Malgré leur désinvolture, les deux liées semblent sensées. Le gaillard de notre sang ne semble avoir cure des choses, suivant nos pas tel un chemin qui l'éloigne de quelque lieu qui le débecte.

Nous joignîmes Locs, une nouvelle bourgade sans envergure qui vivote de quelque production locale. Je suis sur ce ponton. Gwen chasse. Je l'entraperçois entre deux points stellaires. Au lendemain, il nous faudra gagner la localité du Baron. Quel est leur but?
De la tour, nous nous sommes chargés de deux jarres d'un nectar qui t'aurait plu, aussi vieux que les reliquats de la civilisation disparue. L'Assurée qui joue de la dague de lancer en chaque aube depuis six jours, doit être férue de connaissance neuve mais aussi animée par l'appât du denier. Nous les vendrons. Elle les vendra, je suppose.
Sa compagne trop enjouée me fait serrer des mâchoires car chacune de ses paroles parait en dissimuler d'autres.
Les actes autant que les mots de l'adepte des flux de magie sont on ne peut plus calculés. Cela pourrait en être effrayant parfois.
Que fuit l'humain?
Je m'habitue à la présence de la semie. Je ne sais si elle est franche de la collerette mais nos pas lui donnent inspiration et je me conforte à penser qu'il s'agit de sa motivation au sein de cette compagnie.

Cette voie durera plus que je ne l'aurais imaginé.
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Re: Journal d'une "mercenaire"

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Jour 525, le vingtième jour d'Arrean 1336, Inisda, comté de Siria.

Tu me manques.

L'impression de t'entrapercevoir s'estompa quand je compris que ce ne pouvait être toi. Que ferais-tu ici? Inisda n'est qu'une petite ville mais une ville assurément. Une impressionnante muraille a califourchon sur un méandre de rivière agitée. Une ville vivante.

La piastre ne saurait motiver quelques d'entre nous mais la semie et la lanceuse de dagues se sont montrées des négociantes ô combien expertes au moment de la revente des amphores de granit à l'ambroisie éthylée. Un instant de civilisation citadine : reposant. Gwen et son propriétaire n'ont suivi nos affaires du premier jour. Vois-tu comme il me prend à songer actuellement en terme de confrérie de route? Nos affaires...
Il s'agissait de pourfendre la malédiction qui s'en prenait à la lyriste des nôtres et de nous débarrasser, en plus des jarres, des encombrants parchemins historiques. Nous nous occuperons de ces derniers en l'aube de demain. L'humain, qui semble s'enorgueillir d'un certain succès auprès de la gente féminine, préféra végéter une grande partie de la journée au comptoir de la douillette auberge nous servant de siège pour les quelques nuitées, en l'attente de quelque conquête -je suppose- alors que la plus délurée des deux libertines passa le jour entre commerces, dont lupanar. Nous eûmes le temps de joindre le temple de Scyth au sein duquel la Langue-trop-pendue fut libérée de ses affres maléfiques et l'artefact osseux annihilé par les prêtres locaux. "Un puissant objet de la collection de quatorze d'un nécromant qui servit à lever une armée de non-morts il y a deux siècles de cela", ainsi nous fût-il décrit et cinq autres immondices du même acabit restent à détruire. Ne serais-tu alléché par telle perspective?

Il me fallut enfiler l'unique robe de cour que tu m'avais fait tailler. Je m'y sentis évidemment aussi peu à mon aise que le jour où tu m'eus expliqué que ma féminité n'avait qu'à y gagner en la revêtant. Mes compagnons sont plus fins qu'ils n'y paraissent. Quel comportement me faut-il adopter? Me faut-il leur accorder ma confiance? Je ne sais comment réagir face à la colporteuse de malheurs, gagnant sa croute en étalant à qui veut bien la payer, la vie d'autres qui désireraient être épargnés de telle exposition publique, et qui creuse narquoisement en moi à chacun de ses mots. Tu me dirais certainement de ne pas la haïr.

J'essaie.
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Re: Journal d'une "mercenaire"

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Jour 527, le vingt-deuxième jour d'Arrean 1336, Inisda, comté de Siria.

Tu me manques.

Epuisée. Une seule et unique danse m'extorqua-t'elle en cette nuit dégagée les ressources de mon endurance? Je suppose que les deux journées la précédant ont eu raison certainement de mes forces. Te souviens-tu de l'aube où il te prit d'engouement que de me faire maîtriser mon premier pas de danse en nos lieux de complicité?

Toutes les émotions m'envahirent à tour de rôle lors de ces deux nouvelles poignées d'heures dépensées en Inisda.

Avant tout, la crispante semie eût bonne idée que de faire rencontre de gens de son ordre de déclameurs et le temps donc ne put que me paraître moins pesant en la sachant vers d'autres desseins. Une certainement trop courte durée, je présume. Une nouvelle agréable n'arrivant pas seule, ce fut au tour de Gwen et son acolyte de nous joindre à nouveau après quelque escapade dont je n'eus pas orgueil à vouloir en découvrir la teneur. Je me surprends même à apprécier le propriétaire en question : sa discrétion en toute occasion, mélangée à une certaine finesse de ses quelques paroles, m'offre un sourire intérieur. Parfois.
L'humain aussi ne m'importune que très peu et je ne saurais lui en être autre que reconnaissante.
Je ne compris, par ailleurs, une discussion en l'heure du déjeuner, entre ce dernier et les deux sœurs elfiques dépareillées et ne questionnai pas pour autant. Cependant, comme si tous trois avaient vécu des faits qui aboutirent à une menace sur toutes nos personnes, commanditée par une âme qui ne sut se présenter et dont nous aurions foulé la pelouse du jardin d'émeraude sans en avoir pris conscience, ils en discutaient. Nos pas nous portent où il nous est d'intérêt, je n'en ai donc cure et en serais presque émoustillée... un "ennemi".

Autant la plus dévergondée se complait à répéter ne vouloir s'immiscer dans les affaires humaines et semble naviguer telle une princesse d'un quelconque monde fabuleux sur la jonque de ses désirs primitifs teintés de nonchalance, de frivolité et de dédain enjoué, autant sa chaperonne aux dagues nombreuses en vient parfois à jouer d'indiscrétion à mon égard. Je ne sais comment en offrir le retour. Me dois-je de lui rendre la pareille et de jongler de soupçons ouverts à son égard?

Mais ce ne fut son attitude entachée d'une trop envahissante curiosité qui crispa mes mâchoires durant ces jours agréablement entamés, mais un courrier. Simple. Formel. Et surtout porteur d'une invitation qui me fit crisser des molaires : une invitation à des festivités mondaines. Je n'ai besoin de te décrire mes ressentiments. Un bal. Au milieu de l'aristocratie locale décadente et imbue, telle que tu sais fort bien que je ne peux l'apprécier.
Deux jours. Deux jours d'une interminable attente, tels le couperet programmé du condamné. J'eus cependant souri en m'attelant ce soir-même, à vêtir les quelques fripes de mon paquetage et à croiser mon reflet en le miroir.
Le moment tomba. La cloche. Nous dûmes nous y rendre. Les deux elfes étaient imprégnées d'une élégance qu'auraient jalousée bien de tes prétendantes. Je ne crois le leur avoir montré mais ma pensée était telle, et je devais surtout être à côté de mes pénates, engoncée dans ces tissus ô combien ridicules et trop serrés : la robe que tu m'eus fait tailler.
Comme à ma pensée, le bal fut navrant de banalités et de mondanités grotesques. Le nectar de vigne aida. Un chevalier vint même m'importuner. Stupide et prétentieuse que je parus, en m'imaginant qu'il était en désir de me faire la cour. Telle ne fut pas ma surprise quand je compris qu'il en demandait après ma lame et les services de mes compagnons. Ragaillardie dans chaque nervure de mon âme par cette requête, j'ai eu pour envie de faire un pas sur la piste. Un dernier verre. La dernière danse. Notre hôte d'un soir et baron de la région. J'ai dansé.

Je pense à toi et ce premier pas.
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Re: Journal d'une "mercenaire"

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Jour 528, le vingt-troisième jour d'Arrean 1336, Inisda, comté de Siria.

Tu me manques.

Un plaisir se doit de ne jamais pointer la truffe esseulé. Je ne peux dire si tu eusses déjà l'impression de sentir ton univers s'effondrer ou la lame glaciale frotter entre tes côtes en tranchant la chair et empalant ton cœur au passage. Et je ne parle évidemment aucunement du retour de l'agaçante déclameuse parmi nous.
De longs mois durant, je n'eus l'âme à sourire mais le soir d'hier apporta en mon sein, ce rayon de soleil dont toi seul savais me parer. Mais ce matin : une missive. Un avertissement. Une menace narquoise et arrogante. L'auteur m'attrapa par la cheville et me fit vaciller. Je voulus pleurer. Une rançon contre la liberté de mon esprit.

Le dresseur de Gwen me soutint sans contrepartie, mais il me faudra lui être redevable. Il lâcha les quatre ducats qui pouvaient aider à mon évasion. Je quittai dès lors la table du déjeuner et mes compagnons d'arme pour joindre le point de rendez-vous. La lanceuse de dagues et l'humain ne surent jouer de discrétion et leur tentative de m'emboîter le pas fut vaine. Vêtue de haillons puants, je n'eus pas long à patienter en les lieux. Un sbire vint quérir le "dû" de son maître. Tu me connais, tu imagines bien que je ne sais traiter mes affaires via quelque intermédiaire que ce soit. Le "corbeau" parut quelques heures au suivant. Entre temps, je crus même reconnaître les deux mâles de ma troupe pêcher. L'inverse ne fut le cas. Paré de l'élégance des opportuns, de l'assurance des marionnettistes de ce monde et de ce regard rieur mais glaçant propre au charisme des grands bandits, l'homme à l'origine de mon tourment ne lut pas -enfin je l'espère- la crainte dans mes yeux. Je pris exemple sur ta sureté pour ne pas céder à son chantage. Il se prit au jeu et échangea mes menottes contre un acte.
Un gage immoral : une vie contre une vie.
J'appris de ses mots que la menace sur les miens du moment et ma "cible" ne faisaient qu'une. Les quatre rondelles rendues, tous six partîmes à la rencontre de "l'arbalétrier". Ainsi le désignâmes nous de par son action -si j'eus bien compris- à l'encontre des deux délurées et de l'humain fouineur.

Nous avons mis le doigt dans un engrenage. En le corps du malfaiteur, prirent place les sombres accords de la voix d'un ennemi bien plus puissant que le larcineur dont je comptais lacérer la gorge d'une dague empruntée. D'une entrevue que les miens voulaient presque pacifiste, la situation s'inversa et nous fûmes pris sous le joug de la menace verbale et physique de l'abject interlocuteur. Volutes infâmes de magie sombre. J'aurais certainement réagi ainsi que le fit notre démoniaque interlocuteur à l'insouciante insolence de la "princesse" et surtout de sa "garde-du-corps", mais le cœur m'était serré.
Je n'eus à me salir les mains pour occire ma cible -l'être immonde immiscé dans l'âme de ce pauvre homme s'en chargea- et mon "commanditaire" s'en satisfit.

Maigre satisfaction, pour ma part, car j'aurai du mal à fermer l'œil cette nuit.
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Re: Derronan - Journal d'une "mercenaire" : recueil de courr

Message par Klorjan »

Jour 529, le vingt-quatrième jour d'Arrean 1336, Inisda, comté de Siria.

Tu me manques.

Enthousiasmée, exaltée, jubilante. Je prends ce temps pour te glisser ces mots. Il t'eût absolument fallu être des nôtres.

Respect peut entraîner affection et je crois que c'est ainsi que j'acquiers attachement à présent pour mes compagnons. Aussi impulsive peut-elle paraître, la lanceuse de couteaux n'en est pas moins des plus réfléchies. Aussi désinvolte, sa compagne naturaliste, des plus sages. Aussi muet, l'humain charmeur, des plus loyaux. Aussi ironiste, le manipulateur des flux et gardien de Gwen, des plus perspicaces. Aussi irritante, la semie bardesse, des plus abîmées mais surtout des plus courageuses... J'ai du respect, voire plus.

Il suffît d'un mot trop haut en le levé, puis des dix verres de vérité pour que je comprenne que cette dernière, ainsi que nos comparses, était le lien dont j'avais le besoin. L'honneur, chacun à sa manière, fait office référent de leurs actes. D'une mission anodine dont je n'ai les tenants, les pièces d'un échiquier complexe entamèrent leur mise en place. Un gamin enlevé, notre groupe soudé -et efficace-: il n'en fallut pas plus, pour nous jeter dans un antre au cœur duquel nous aurions pu y laisser les armes et la vie. Mais sans rechigner, sans pour autant foncer tête baissée, nous nous unîmes pour délester -au moins en surface- la cité d'Inisda d'un groupuscule trafiquant emmené par un fils de notable de la ville, corrompu par la folie d'une drogue dont tu ne saurais imaginer la portée. Le courroux, la haine, la folie, la bestialité : en plus des gens armés que nous dûmes neutraliser, ces effets sont ceux qu'il nous revînt d'affronter. Avec succès.

Aucun soutien extérieur, nous sommes esseulés, mais je nous sens dotés du panache de l'union. Les six -sept en comptant la hulotte- de la forêt de Sarnis. Nous n'œuvrons plus dans l'ombre, ou du moins, nos actes ont à présent répercussion, tant auprès de nos commanditaires implicites que de cet Ennemi qui entrevoit du mauvais œil nos dispositions à l'affronter sans crainte.

Enthousiasmée de par ce dans quoi nous plongeons sans retenue. Exaltée de ce que mes acolytes accomplissent en chaque instant. Jubilante de ce que je vis en ton nom.

Nous sommes prêts.
Dernière modification par Klorjan le dim. oct. 26, 2014 2:28 pm, modifié 2 fois.
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Re: Derronan - Journal d'une "mercenaire" : recueil de courr

Message par Klorjan »

Jour 530, le vingt-cinquième jour d'Arrean 1336, Valline, baronnie d'Inisda.

Tu me manques.

En cet instant plus qu'à un autre.

L'antre vidé des trafiquants de folie nous offrit... m'offrit un présent que je n'eus ô jamais désiré.
Je ne te relaterai, en ce soir, que très peu concernant Gwen et mes compagnons.

Te souviens-tu de cette enfant? Légèrement introvertie. En permanence en recherche de ce qui motivait ce monde, sans le comprendre. Le haïssant tantôt, s'en effrayant d'autres moments. Tendre dans le regard, peu assurée dans les mots, mais ferme dans ses pensées. Une aile se posait sur son épaule. Ton aile. Celui qui la coiffa avec douceur en notre lieu. Farouche et frêle, mais forte en son sein. Celle qui devînt ta fidèle partenaire. Celle à qui tu confias ce que ton cœur se devait d'enfouir au plus profond. Celui à qui elle remit sa vie, sans concession. Admirative et sentant en elle croître cette confiance qu'un seul être pouvait lui offrir. Tu la formas. Elle avait ce don.

Je suis une traîtresse car je ne le fis.

Ce soir, je ne sais à qui me confier : les deux elfes dans une chambrée, les deux mâles dans la leur et ce paravent. Je retiens mes sanglots pour ne pas que la semie passe outre ce muret de fortune séparant nos espaces vitaux en cette nuitée.

Notre séjour en Inisda prit fin sur la libération du jeune homme retenu de force par les dégénérés géniteurs du chaos des âmes, connu sous le nom de "sable sanglant". Ce mal s'étend, plus vite que nous ne respirons. En cette soirée, six de ces âmes perdues à cette cause infâme sont tombées grâce à l'intelligence des miens et seront interrogés sur la vicieuse drogue à l'origine de leurs maux.

Elle, s'appelle Lena -je n'ai osé lui demander la façon de l'écrire- : mon présent, elle aussi délivrée des fous furieux. La fille d'un bûcheron de la lisière de Sarnis.
Je fis d'elle ce que j'eus voulu qu'on ne fasse de moi : une prisonnière. Elle aurait pu être une nouvelle compagne de route. Je voudrais lui parler. Je l'ai abandonnée. Je ne veux pas qu'elle soit moi.

Je hais ce monde et il m'effraie parfois.

Je l'ai trahie.
Dernière modification par Klorjan le dim. oct. 26, 2014 3:34 pm, modifié 1 fois.
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Re: Derronan - Journal d'une "mercenaire" : recueil de courr

Message par Klorjan »

Jour 531, le vingt-sixième jour d'Arrean 1336, Cité perdue de Lanorel - Forêt de Sarnis, baronnie d'Inisda.

Tu me manques...

...moins.

Elle se prénomme Olendiel. Elle est la "Danseuse des Lames". Son indiscrétion m'horripile, j'admire sa loyauté : ma confiance s'est offerte à elle.
Son nom est Calliope. Elle est la "Voix des Espoirs". Ses mots élancés me crispent, j'admire son honnêteté : je n'ai pu que lui offrir ma confiance.
Arisilys est son patronyme. Elle est les "Feux de la Désinvolture". Ses inconvenances m'exaspèrent, j'admire son intrépidité : comment ne saurais-je lui accorder ma confiance?
On le nomme Johann. Il est le "Murmure des Ombres". Son mutisme me hérisse, j'admire sa retenue : je peux avoir confiance en lui.
Firkash'ae possède une chouette en tant que familier. Il est les "Ténèbres Souriantes". Sa nature cachée m'intrigue, j'admire sa maîtrise de soi : je ne sais si ma conscience a en totalité, en lui, confiance, mais moi si.

Si tes pas avaient dû suivre les miens, je ne serais aujourd'hui plus à tes yeux cette enfant ô combien agaçante, sans envergure et inutile qui te tenait en trop haute estime pour être respectable et respectée.

Demain verra nos derniers souffles s'évanouir et la lumière derrière nos pupilles s'éteindre.
Honneur, fierté, courage, abnégation : ces valeurs caractérisent les êtres -chacun à sa manière- qui occupent, en cette nuit, les murs de la geôle de nos ultimes moments. Traverser les recoins les plus reculés de la forêt de Sarnis, avec pour guide un sang elfique xénophobe afin de joindre le seigneur en péril des terres de l'orée, entravé dans la cité-forteresse oubliée d'un ambitieux démoniaque contrôlant ses sbires via le pire poison des déjantés; telle fût l'idée qui me conduisit entre ces murs de prison forestière... "nous" conduisit.
Ils sont mes compagnons.
Je n'ai pas peur.
Ils sont présents.
Je serai... je suis ce que tu aurais été.

Une fugitive, une traitresse, une couarde dégueulant d'égoïsme, je ne puis me permettre de le rester et ne le suis plus, si bien même le fus-je à ton regard.

Gwendoline Félicité Anne de la maison de Goldoni, Fille du Duc Ferdinand-François de Farlan et héritière légitime du Duché en Beltaïne, tiendra la lame en le levé du jour, et ce en compagnie de ceux que le Destin a su lui choisir comme âmes gardiennes et à qui je n'ai plus intérêt à dissimuler mon identité à présent dévoilée. Je ne ressens plus la solitude.

Qu'il se nomme Lysandros Néphès, Démon du Sable Sanglant ou Annonciateur des Abîmes infernales de la Destruction, qu'il soit le Maître de l'Ire et de la Folie ou le Grand Seigneur de la Cité des Damnés, il ne saura éteindre ces flammes que les Miens ont allumées en mon sein, même s'il doit nous défausser de nos vies.
Mon admiration, ma confiance et mon estime n'ont certainement que peu de valeur en cet instant, mais elles leur appartiennent à présent.

La Salamandre ne saurait trépasser.

Je t'aime.
Dernière modification par Klorjan le dim. oct. 26, 2014 2:31 pm, modifié 4 fois.
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Re: Derronan - Journal d'une "mercenaire" : recueil de courr

Message par Klorjan »

Jour 538, le trente-troisième jour d'Arrean 1336, sur la Grand-Route de Siria - Comté de Siria, Anken.

Tu me manques.

Parfois la Mort est capricieuse. Ou alors préfère-t'elle se délecter du plaisir que de sentir quelqu'un se devoir de vivre avec un vide qui ne se saurait être toléré. Heureuse, je le suis de savoir que tu n'eût pas à te confronter au regard de celle qui apprit t'avoir perdu ce jour passé. Certaines victoires laissent un goût âpre et cendreux au fond de la gorge et qu'il est on ne peut plus difficile d'avaler, voire impossible. Ce regard, elle l'a. Elle, l'oiseau de mauvaise augure, elle qui colporte le malheur et s'en repait au nom de la propagation inexorable des tumultes de ce monde pour le bien de tous ou leur désir morbide et insatiable de se gausser des maux des autres, elle dont le sourire s'est évanoui lorsque la Haine sans fond posa ses pupilles sombres sur nous, elle porte ce fardeau nouveau en les yeux.

Des héros, il est ainsi que notre compagnie est décrite en Anken, après avoir occis ce qui aurait dû être notre dernier pas, en l'incarnation d'un champion du maître du Sable Sanglant. Un envoutement avait fait de notre hôte en Valline le pion de cet empereur de la destruction dont les desseins sont d'anéantir par la folie ce que les peuples libres possèdent de plus précieux. Nous épargnâmes la vie de ce combattant sous influence, le monstre épargnât les nôtres, mais les cieux n'épargnèrent pas nos âmes de leurs tourments.

L'insouciance enfantine peut s'effacer dans le rire pervers des êtres les plus malveillants. Il l'a brisée. Je la comprends. Les autres de mes compagnons ne sont-ils affectés par le poids qui s'abat en ce jour sur nos épaules? Se peut-il qu'ils ne sachent l'exprimer? Se peut-il qu'ils ne puissent le ressentir? Je les admire pour cela. Arisilys la Frivole est-elle aussi désinvolte qu'elle ne le laisse entrevoir? Olendiel l'Inflexible dissimule-t'elle ses faiblesses derrière son masque de confiance? Johann l'Impassible est-il aussi calme en ses entrailles que sur son visage? Firkash'ae le Sage ne conserve-t'il pas ce mutisme par habitude de ce genre de prévisions chaotiques? Notre univers est sur le point de basculer.

Calliope est affectée. Elle a ce regard. Celui de cette gamine devenue adulte malgré elle, en un éclair venu lui foudroyer le cœur.
Tu en aurais certainement la gorge nouée comme je l'ai, le temps d'écrire ces lignes, en observant ma compagne perturbée.

Je la comprends mais n'ai les mots qui sauraient lui donner réconfort.
Manuel du joueur : "il n'existe qu'une seule règle en JdR : survivre".
Manuel du MJ : "il n'existe qu'une seule règle en JdR : tu es MJ, tu es Dieu".
Aujourd'hui, j'ai l'impression de moins crever.
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Klorjan
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Re: Derronan - Journal d'une "mercenaire" : recueil de courr

Message par Klorjan »

Jour 540, le trente-cinquième jour d'Arrean 1336, dortoirs de l'Université de Siria - Siria, Anken.

Tu me manques.

"Le regard que nous posons sur les autres influe sur celui que les autres posent sur nous." Telles furent les premières lignes que je lus quelques nuits après le jour où tu intégras l'Académie.

Je n'avais de Siria que les vagues images d'une vaste cité blanche grouillant de milliers d'âmes agitées et bercée par les reflux de vagues se déchirant en silence contre les racines des falaises abruptes servant de piédestal au fief des rois d'Anken. Siria n'a pas changé. Jamais je n'eus imaginé mettre pied à nouveau en le palais de ces rois, surplombant le pays et les azurs. Aussi, jamais je n'eus pu imaginer offrir une tenue si déplorable auprès d'un quelque régent que ce fut. Mes compagnons et moi-même fûmes conviés, dès nos premiers pas en terre sirianne, à joindre la Reine-Mère et son fils. Olendiel en profita pour vaquer à je ne sais quelles occupations en nous faussant compagnie tandis que sa scabreuse fanfaronne de compagne, à la capacité cognitive limitée et aux convenances de cochon de grabouille, n'eût d'autre pensée en tête que de transformer cette entrevue prestigieuse en un goûter d'anniversaire campagnard voire une farce burlesque. Mes mots sont durs mais j'espère qu'elle n'eût pas l'occasion de lire derrière mes yeux le sourire qu'elle venait d'y dessiner. Je ne pus ignorer l'attitude de Firkas'hae en cet instant. Je ne sus si la situation l'embarrassât ou s'il s'agit de cette rencontre en elle-même qui le déconfit dans ses pénates. Johann sembla s'en accommoder en toute discrétion, à son accoutumée. Les manuscrits de Calliope siégeaient en les mains de la régente. Notre venue était plus qu'attendue, elle était préparée.

Notre objectif était de joindre au plus vite l'épicentre de l'épidémie du Sable Sanglant : l'Université de Siria. Nous y avions été "inscrits" par les soins royaux. Je n'avais connu en tout et pour tout que quelques précepteurs, des gens de cour et ceux de la Salamandre avant que tu ne deviennes académicien. Tu m'y fis partager cette approche de la foule par tes lettres. Chaque contact avait été jusqu'alors superficiel et orienté. Opportuniste mais planifié. Courtois mais jamais sans arrière-pensée. Chaque contact avait été faux. J'ai toujours pu et su éviter de côtoyer. Là, je ne pus reculer. Voici encore une chose sur laquelle je ne peux encore que t'admirer, tu ne m'eus jamais montrer que cette boule aux tripes t'avais envahi quand tu fus intégré à tes rangs. Les miennes le furent et je ne m'en trouvai pas moins accablée lorsque le manège des greluches écervelées et des freluquets prétentieux se joua dès notre entrée en l'enceinte estudiantine, l'antre de la puérile mesquinerie aristocratico-bourgeoise. A peine la visite des locaux achevée et nos chambrées communes attribuées -Johann se devra de ronger son frein les quelques nuitées que nous passerons ici, la répartition n'étant mixte-, notre groupe composée de la gente féminine de notre compagnie fut prise à partie par quelques de ces nuisibles sans gêne dont le regard avait jugé celui de novice qui était le nôtre comme risible et matière à s'esclaffer. Je ne sais ce qu'il prit à Calliope, qui de nous trois fut la plus offensée, mais elle eût un défi à relever et le fit avec une assurance non dissimulée. Le gaillard s'imaginait certainement déjà la remettre à la place qui était celle qu'il pensait être la sienne mais elle me choisit. Elle me choisit comme championne. Je ne crois pas qu'elle douta de ses forces. Elle fit preuve d'une chose à mon égard dont j'ai bien du mal à parer les autres : de confiance. Pour lui, fit-elle tentative de dissimuler ses faiblesses?
Tu conclus ta première lettre par le fait que "le regard des autres se devaient de ne distinguer notre faiblesse propre".

Je crois que tu avais tort.
Manuel du joueur : "il n'existe qu'une seule règle en JdR : survivre".
Manuel du MJ : "il n'existe qu'une seule règle en JdR : tu es MJ, tu es Dieu".
Aujourd'hui, j'ai l'impression de moins crever.
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