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Le jeu de rôles Post-Apo avec des grosses bébêtes et du chamanisme dedans !

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Aikau le bo
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Message par Aikau le bo »

Une petite série de nouvelles d'ambiances...

Aikau le bô
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Helvétius
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Elles ont retrouvé ma trace…

Message par Aikau le bo »

Elles ont retrouvé ma trace…
(publiée le 19/11/2002 par Julien Blondel)



L’odeur de mon sang les attire, comme un fil de chair fraîche. Je ne les perdrai pas, dans ce labyrinthe d’ombres. Elles me sentent, aussi sûrement qu’une mouche sur leur toile invisible, elles me respirent... Je ne suis plus qu’une fuite, un vacarme, une masse informe et chaude au doux parfum de peur. J’ai pris la seule place imaginable dans la logique aveugle de leurs perceptions : je suis devenu une proie.
Et moi qui pensais les avoir semées... Comment ai-je pu être aussi inconscient ? J’ai pénétré leur antre, armé d’une vague idée et d’une torche à peine capable d’éclairer mes propres traces. Mes doigts ont beau se rassurer sur la crosse du fusil, les balles ne pourront rien, contre la horde aveugle. Même un lance-flammes ne suffirait qu’à repousser l’assaut. Quelques minutes de répit, une heure tout au plus, avant qu’elles n’affluent de nouveau, plus nombreuses, plus voraces...
Un fusil, pour compagnon d’impuissance. Combien de vies humaines ai-je volées pour cette arme ? J’ai tué pour l’obtenir, tué pour la conserver, tué encore, et toujours de sang-froid, pour me procurer des munitions et défendre mon rôle au sein de la communauté. Vivre en chasseur, tuer en chasseur, et mourir...
Chæman disait vrai, nous ne sommes plus que des proies. C’est peut-être pour ça, que je suis descendu. J’avais besoin de croire que nous avions encore le choix, qu’un semblant de liberté nous permettait de vivre, d’alimenter nos foyers, de marcher dans les rues bâties par nos ancêtres, de nourrir nos enfants, sans crainte qu’on se ne nourrisse d’eux.
Les crissements. Elles se rapprochent. Combien me reste-t-il, avant que la faim ne l’emporte ? Combien de ces silences, de ces sursauts, combien de pauses fébriles à l’angle d’un couloir, avant qu’elles ne fondent en masse et me déchirent les veines ? Bientôt, les plus rapides jailliront des tunnels. Les ombres vomiront des vagues de spores noirâtres et elles se répandront, elles envahiront tout. Le crissement des mâchoires emplira les égouts, jusqu’à me rendre fou, mais elles n’attaqueront pas. Pas encore...

La fuite est inutile, désormais. Ma viande est assez chaude, mon odeur assez forte, et le sang de mes blessures me condamne, comme une piste funèbre dans la boue des sous-sols. Elles me trouveront, quoiqu’il en soit. Elles me trouveront et elles m’auront. J’aurais aimé mourir avec la fierté du sacrifice, mais je ne suis qu’un traître. Un homme en âge de se battre est un bien plus précieux qu’un fusil. Le groupe électrogène menaçait de s’éteindre, la nourriture manquait, les derniers-nés risquaient de mourir de faim, mais jamais, jamais je n’aurais du descendre ! En croyant les défendre, je les ai privés d’une arme, d’un chasseur, d’un adulte, d’un reproducteur... Je vais mourir sans avoir eu d’enfant, sans avoir rien transmis, ni savoir, ni souvenir. Je vais mourir en chair, en nourriture. Quitte à n’être qu’un corps, j’aurais mieux fait de crever à la surface. Mes organes auraient servi, ma viande aussi, sans doute. Les plus âgés auraient fini par s’y résoudre, sans plus d’état d’âme, et leur culpabilité aurait fondu avec les dernières braises. J’aurais nourri les miens, d’une façon ou d’une autre, au lieu de finir dans la boue, comme un tas de viande offert à la charogne des profondeurs...
La voilà ma liberté, la dernière liberté de l’Homme : choisir le ventre qu’il nourrit. La vie n’est plus bonne qu’à être consommée. Je n’étais qu’un enfant, au début du siècle, mais je sais à présent ce qu’ont vécu mes pairs. Ils ont vu s’effondrer bien plus que leur empire et leurs tours de métal, car au fil des années, c’est dans les consciences que la vermine a déposé ses germes les plus insidieux, en rongeant la confiance, l’espoir et l’envie de lutter. Des siècles durant, nous avons cru forger les instruments de notre évolution, voilant le spectre de la maladie sous un halo de science, et la Terre a tremblé, la mort a fait son oeuvre, la chair s’est consumée aux feux d’un nouveau cycle... L’Homme a frôlé l’immortalité, pour mieux finir en engrais.

J’entends le cliquetis de leurs pattes sur les murs de béton. Leur course s’organise, elles m’entourent, elles m’encerclent. Elles me trouveront ici, dans les ténèbres, assis dans une mare de boue et de sang, le fusil collé à la poitrine comme un ultime obstacle à la digestion. Mes pensées s’assombrissent, presque malgré moi. J’aurais aimé vivre ces derniers instants dans le parfum d’un souvenir précieux, un moment de plaisir, le ronronnement d’un moteur arraché à la rouille, le regard d’un enfant fasciné par le récit des anciens...
Une légion de corps noirs. Elles jaillissent, de partout. Les éclaireuses, la meute aveugle se déverse de toutes parts, dans un torrent de pattes et de regards avides, et le chuintement grossit jusqu’à noyer les battements de mon coeur. Je perçois le frottement de chacune de leurs pattes, l’attente de leurs yeux vides, la satisfaction d’avoir trouvé leur proie et de sentir approcher l’heure de la nutrition. Elles n’auront que les restes, mais elles s’en contenteront. Les plus grosses se serviront les premières, à moins qu’elles ne me gardent, prisonnier d’un formol injecté dans mes veines, pour pondre leurs milliers d’œufs dans mes entrailles ouvertes...

... Dévorez-moi, mes toutes belles ! Digérez-moi, vivez de moi. Mon sang s’écoule déjà, buvez-le, sucez-le, aspirez-en chaque goutte... Qu’importe de savoir qui me mange, au final, pourvu que j’alimente le cycle qui prévaut désormais sur ce monde.

Mes doigts se resserrent sur la crosse du fusil, avec la force d’un dernier sourire.

... J’espère seulement que vous aimez la viande morte...


Julien Blondel
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Aikau le bo
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CANICULE

Message par Aikau le bo »

CANICULE
(publiée le 01/06/2003 par Alexandre Amirà)


Paris
dimanche 1er juin (enfin je crois)
15h22
30°C à l'ombre

Taux de pollution élevé. C'est irrespirable. Pas une bagnole, pas une fumée. Cette fois ce sont les éjections des termites qui empestent. Et puis c'est dangereux en plus. Vendredi dernier le groupe de Mick est parti coller une trempe à l'hôtel Concorde Lafayette. C'est marrant qu'on ait gardé ce nom-là d'ailleurs. La termitière n'est pas aussi élevée mais elle a quand même bien poussée sur les ruines et c'est un des plus beaux bastions de la capitale.
Capitale de nulle part. Quoiqu'il en soit ce serait un putain de refuge pour nous. 35° minimum dans mon trou. Je suis toujours à l'ombre mais l'air ne circule pas. Pas un déchet ne traîne dans mes 12m², pas une fissure dans un mur et des cloisons recouvertes d'une couche de ma composition : lino, pâte plastique, poches d'acide et limaille de fer.
Ca fait bien 4-5 centimètres d'épaisseur en plus mais c'est indispensable. Par mesure de sécurité j'ai même des bassines en métal pleines de flotte scellées et un collecteur d'eau de pluie bien à part. Par contre je n'ai presque plus de papier pH., quasiment plus de charbon non plus ni de filtres ou de solutions d'analyse. Ca craint. La bouffe est réfrigérée, c'est important. Mais il faut bien faire gaffe à ce que le générateur de courant ne tombe pas en rade sinon tout sera bon à foutre en l'air - et loin d'ici pour détourner la vermine.
L'autre jour un taré a voulu me le piquer. Enfin... comme mon refuge est au huitième étage d'un immeuble il a jugé qu'il serait moins compliqué de me faire la peau et de s'installer ici comme un bernard l'ermite change de coquille. Ce naze a failli réussir, il a éviter tous mes pièges dans l'escalier et la grosse araignée dans la cage de l'ascenseur. Quel con ! J'aurais bien voulu qu'il m'explique. En plus il m'a coûté une bouteille - vide mais bon, les bouteilles de verre se font rare depuis que plus personne ne les souffle. Au début on les éclatait comme les vitres pour récupérer les morceaux de verre et tapisser les environs de nos refuges. Ca ne servait pas à grand-chose contre la vermine mais ça faisait bien chier ces enfoirés de maraudeurs. Maintenant on regrette un peu. J'ai mis de la viande en plus au frais, soigneusement emballée pour éviter les infections. Je ne dis pas que je la boufferai... non, je ne pense pas mais ça peut toujours servir pour appâter.
C'est pas possible, la température a encore augmentée ! J'ai le soleil qui tape toute la journée, je suis sous les combles et je sue comme une truie dans un sauna. En plus j'ai des plantes un peu partout dans la pièce. Tout en étagère, dans des bacs placés contre les murs. Dire que j'ai passé chaque pouce de terreau au tamis pour virer les larves, les racines louches et toutes les saloperies qui pourraient infecter les pousses ! Là il fait trop chaud quand même, c'est mauvais pour les cultures. Combien de fois j'ai rêvé d'ouvrir le frigo pour avoir la clim' ! Mais là encore j'ai appris de mes conneries passées : et d'une ça fait chauffer le moteur, ça grille et de deux c'est rare d'avoir du matériel de réfrigération en état de marche. Vous imaginez tout ça dans mes 12m² ? Ouais, je dors par terre dans un coin, sous une couverture et je me lave dans une bassine en plastique.
Pourquoi je dis ça déjà ? Ah ouais ! La pollution, l'hôtel Concorde-Lafayette. C'est lié. Vendredi donc, le groupe de Mick s'est mis en tête de tenter une percée violente dans la termitière. On a récupéré du matériel militaire il y a peu et un lot inespéré de munitions. Avec le stock d'HENNIEZ qu'on s'est distillé dans les alambics pour faire de l'inflammable Mick était persuadé qu'il y avait de quoi leur bousiller la gueule. Mais le Concorde ce n'est pas de la rigolade et ça grouille de termites de plusieurs espèces. Ils ont même ces saloperies de termites de fer. Je ne sais même pas combien ils peuvent être là-dedans mais une chose est sure : si on prend la termitière on récupère un putain de territoire, une vraie base fortifiée avec des galeries blindées qui traversent une bonne partie de l'ouest parisien - c'est de là qu'ils ont ravagé le bois de Boulogne et je crois qu'ils ont même colonisé jusqu'au parc de Saint-Cloud.
Le Concorde c'est seulement 4-5 kilomètres de chez nous mais ça fait presque deux heures de route quand même. Et avec un van en plus. Ils sont arrivés vers 8 heures du matin histoire d'avoir l'avantage du soleil sur les premières centaines de mètres de galerie – les reticulitermes n'aiment pas la lumière. Ca s'est plutôt bien passé. C'est Toulouse qui m'a raconté. Mais la nuit de samedi a été très chaude. Mick n'a pas daigné sécuriser un périmètre suffisamment tôt et du coup ils ont dû batailler trop longtemps et un tiers de leur effectif a crevé en quelques heures - certains parce qu'ils n'ont pas eu de bol mais d'autres parce qu'ils n'ont pas tenu après 18 heures de pression.
Toulouse et un autre type de l'escouade ont battu en retraite le samedi. Il n'en restait pas beaucoup plus. Le groupe de Mick a fait un vrai carton mais en vain : ils ont épuisé des milliers de cartouches, près de la totalité de notre stock d'HENNIEZ, paumé deux fusils-mitrailleurs, une combinaison NBC et 16 gars et 6 nanas. Nous on rame pour fabriquer des munitions, ça nous prend une saison pour faire quelques dizaines de litres d'HENNIEZ, neuf fois pour faire des gosses et dix-treize ans pour qu'ils commencent à ne plus être un fardeau. Eux... eux ils crèvent, ils grouillent, ils pullulent et ils rebâtissent. Eux ils s'adaptent et ils bouffent nos ressources, on ne les compte plus. Mais on les aura. On prend cette putain de termitière, on règnera sur l'ouest parisien et après on fera un barbecue avec toute la vermine de cette ville.
Merde... Toulouse est sympa quand même, il m'a trouvé un combi télé-DVD en état de marche. Bon, je crois qu'il manque quelques couleurs mais si je trouve des disques ça sera cool. Je me demande juste pourquoi il me file ça comme ça, sans rien demander en échange. C'est louche. La pollution ? Ouais, c'est vrai j'oubliais. C'est la faute de Mick : comme il a fait sauter une bonne partie d'un souterrain de la termitière Concorde-Lafayette et qu'il a percé bien profondément il y a eu un incendie énorme dans le quartier à cause du méthane produit par les déjections des termites. Du coup ça pue le cramé et la merde. Irrespirable je vous dis.
Putain, il doit bien faire 40° maintenant.


Aldo / Alexandre Amirà
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COUVÉE

Message par Aikau le bo »

COUVÉE
(publiée le 29/10/2003 par Alexandre Amirà)


Nous tournions à l'angle de Convention en direction de l'ancienne Maison de la radio. Juste la Seine à traverser et avant ça une esplanade, un champ de ruine. Père avait travaillé là pendant quatre ans dans les locaux de Canal Plus. Lorsque les postes se sont éteints il a ensuite fait partie des casseurs et des pillards qui forçaient les accès barricadés pour s'emparer de tout l'électronique possible - sait-on jamais ? Il y avait peut-être de quoi en tirer quelques provisions, au moins auprès de l'armée qui ne contrôlait plus rien sans tirer à vue au préalable et y compris dans les rangs des émeutiers. C'était partout comme ça disait-il. Le matériel high-tech, les pièces détachées, les micro-composants, tout ça ne servait à rien pour les survivants ; en revanche pour l'armée et quelques groupuscules autonomistes cela constituait un stock de matériel de rechange ou de pièces pour les réparations. Système D en quelque sorte.

Bref. Père avait bien connu ce coin et il était là quand le secteur fut balayé par une branlée d'artillerie. On n'a jamais vraiment su quel type de munitions c'était mais la déflagration fut impressionnante et père en est resté deux jours sous les décombres avant d'être secouru. Il a eu du bol d'ailleurs : suffisamment d'air, l'eau d'une bouteille en plastique qu'il trimballait toujours avec lui, un seul tympan percé et une seule jambe bouffée par les débris et envenimée par la vermine qu'il a fallu amputer. Cela aurait pu être bien pire disait-il, dans une cave voisine les secours ont tout flingué au molotov : les lambeaux d'un autre casseur noyé sous les oeufs d'araignées grosses comme le poing, un putain de troupeau de femelles énormes avec des millions d'oeufs et les cadavres de centaines de mâles ridicules ! Pour des bestioles supposées solitaires ça faisait une sacrée partouze !

Père est décédé il y a trois jours, ce raid c'est un peu en son honneur. Ce sont les radiations qui l'ont dévoré. Il ne pouvait plus bouger depuis longtemps et sa peau virait au jaune moucheté de marron - quand elle ne se décollait pas comme de la peinture écaillée. Au moins, on se doute un peu de la nature des obus qui sont tombés ici... et ça ne fait rien pour nous rassurer d'ailleurs parce que des radiations, on a dû en bouffer un paquet !

Nous progressons entre les deux rangées d'habitations squelettiques de la rue de la Convention. Les bâtiments s'affaissent énormément avant d'arriver à la Seine et il y a bien trois cents mètres à se taper à travers les ruines. Comme souvent sur les bords du fleuve noir, une sale végétation parasitaire et spongieuse a envahi les rives et s'est infiltré dans la ville. C'est mou, glissant, toujours trempé d'une flotte bien huileuse, ça tâche, ça démange et ça reste impregné sur les doigts et tout ce que ça touche. De la vraie merde verdâtre pleine de larves microscopiques, de griffes, de crocs, de pinces et de dards venimeux fait chier ! Avec l'hélico on aurait pu passer au-dessus mais Francis pense qu'il est possible qu'il y ait encore des gars lourdement armés en face et il ne veut pas risquer de perdre ni sa vie ni l'hélico. De toute façon pour le peu qu'ils marchent ces deux cons...

Boumsong m'a demandé ce qu'on pouvait bien faire pour éviter la merdasse verte. Bordel qu'est-ce que j'en savais moi !? Père nous avait toujours déconseillé le fleuve. D'autant que les îles abritaient des communautés plutôt féroces. Il y a quatre ans, un groupe de militaires à fait sauter l'une d'entre elles avec tous ses habitants. Je ne suis pas bien sûr qu'ils étaient encore dans le giron gouvernemental - c'étaient plutôt des mercenaires mais le résultat est là : ceux de l'île ont refusé de leur fournir des vivres ou de la main d'oeuvre pour déblayer une zone parce qu'ils jugeaient probablement que servir de chair à bestioles c'était la dernière chose sensée à faire ; ils ont résisté et abattu un troufion. Mais ils n'ont pas supporté les représailles au missile sol-sol. Il ne restait rien d'eux. J'avais seulement onze ans et je me suis chié dessus quand j'ai vu le carnage de loin.

En l'occurrence ce n'étaient pas les îles qui m'emmerdaient. Le pont du Garigliano tenait encore debout mais je n'aurais pas parié qu'il terminerait l'année. Surtout que la chienlit ça fragilise les structures et ça fait péter la pierre. Ce qui me contrariait poliment c'était de devoir traverser aux yeux de tous et d'être accueilli par un char Leclerc de l'autre côté, près de ce qui ressemblait à une ancienne station-service. Certes, tout était recouvert de mousses et survolé d'un nuage de moucherons et d'insectes pas plus grands qu'une couille de Blanc plongée dans l'eau de mer. Mais quand même ! La sinistre impression d'un piège et de types qui n'attendaient que nous pour faire des croix en plus sur la crosse de leurs fusils me vrillait les tripes.
La mort pouvait survenir plus connement encore. Il suffisait par exemple qu'il n'y ait plus personne là-bas mais que les défenses qu'ils ont placé auparavant ne soient pas encore pourri et qu'on les actionne bêtement. Ca aussi ça m'impressionnait. Père m'avait parlé de Gilles dans le même genre, le pote de Francis. Cet abruti était mort d'une hémorragie après avoir eu les jambes sectionnées en s'amusant à faire du trampoline à côté de Francis qui réparait l'hélico. Mon père avait failli tuer Francis tellement ce couillon ne se rendait pas compte de la connerie indicible de son pote. En plus il avait niqué l'une des pales du rotor.

Avec Boumsong et Jean-Yves nous avons passé la journée à observer à la jumelle en direction du char et de la Maison de la radio. On a aussi beaucoup hésité. Devant l'absence totale d'activité humaine on s'est dit que cela valait peut-être le coup de tenter une infiltration avant la nuit, histoire de dormir sur place plutôt que dans un renfoncement pourri à la merci de la vermine. J'ai objecté en disant qu'on n'était jamais trop prudent et qu'en plus on ne savait pas sur quoi on allait tomber là-bas. Ils m'ont répondu que si la baraque de la radio avait effectivement été l'une des grandes oubliées des pillages il devait rester des zones non-infestées à l'intérieur. Et vu la taille du truc, vu la promesse des commerces dans la galerie juste en-dessous, même en cas de pillage nous avions de sacrées bonnes chances de trouver quelques conneries épargnées par la vermine et les casseurs.

J'avais froid, la gelée verte puait à me faire gerber, j'ai craqué, j'ai adopté leur plan. Sans se soucier de plus de préliminaires on s'est levés et mis en route pour traverser les ruines. Au premier pas dans la mousse des milliers d'insectes s'envolèrent en formant une nuée vrombissant. Que je haïssais cette cacophonie ! Et cela recommençait de plus belle à chaque pas. Nous avancions lentement pour éviter d'affoler tout le monde. Nos combinaisons étaient soigneusement étanchéifiées mais une telle envolée pouvait attirer des prédateurs beaucoup plus gros. Trois cents mètres de ruines, un pont branlant d'environ deux cents mètres... nous en avions bien pour une heure à traverser. Mais c'est un calcul que j'aurais dû faire avant de me lancer car si nous rencontrions la moindre difficulté de l'autre côté, jamais nous n'aurions le temps de trouver un coin à sécuriser avant la nuit.

Jean-Yves est mort le premier. Une connerie sur laquelle on ne s'attardera pas tellement elle est fréquente. Après une demi-heure de marche nous étions presque au milieu du pont. Il marchait en tête, à trois mètres seulement devant Boumsong. Il ne voyait rien dans le nuage d'insectes, il s'est énervé, il n'a pas vu le trou et son pied a dérapé sur la marée verte. Il a hurlé quand son bras a heurté le pont - probablement une fracture mais il tenait le coup. Faut dire que ses jambes balançaient dans le vide au-dessus de la Seine. L'instinct de survie. Mais sa combinaison s'est déchirée sur une tige de fer bien saillante et elle a dû lui entailler le flan. Quoiqu'il en soit le nuage a commencé à investir l'intérieur de sa combinaison. Il a gesticulé pendant que Boumsong lui hurlait un peu tout et n'importe quoi. Moi j'ai allumé un molotov et je lui ai balancé dessus ; la seule chose que je pouvais faire et qui avait une toute petite chance de le sauver... voulais-je croire. Jean-Yves enflammé et dévoré de l'intérieur a lâché prise, il a fait le grand plongeon dans la Seine. Sa combinaison s'est presque immédiatement remplie d'eau et s'il avait bu la tasse ne serait-ce qu'une seule fois c'était la mort assurée. De toute manière il a sombré rapidement, impossible de nager avec ça.

Boumsong et moi avons continué. Depuis le début de notre petite expédition, depuis le terrain c'était le deuxième frère que je perdais. Depuis mon enfance je n'arrivais plus à compter les morts que j'avais connu.

Arrivés de l'autre côté du pont le paysage n'était guère prometteur mais au moins la nuée d'insectes reprenait sa position larvée initiale et le calme revenait. Le char Leclerc était inaccessible à moins de cramer tout l'extérieur au molotov et avec Jean-Yves disparu il ne me restait qu'une bouteille que je préférais préserver. La station-service semblait inopérationnelle aussi. De ce côté-là commençait l'avenue de Versailles. Je ne sais pas si c'est bien au château qu'elle conduisait mais le quartier tenait encore relativement debout. La luminosité décroissante nous avons progressé rapidement vers la Maison de la radio. Toutes les entrées du rez-de-chaussée étaient barricadées mais l'ouvrage paraissait très ancien. En quelques endroits on avait coulé une forme de résine liquide, un matériau composite qui en solidifiant assurait l'imperméabilité à toute bestiole. Mais n'importe quel fusil l'aurait pulvérisé. Bilan : deux époques de résistance, l'une face aux casseurs, l'autre face à la vermine mais aucun signe plus récent. Pas une lueur visible de l'extérieur mais si père avait vu juste, il y avait pas mal de groupes électrogènes qui pourraient nous intéresser dans les sous-sols.

On s'échinait à trouver un moyen d'entrer sans devoir escalader la façade. Au point d'en oublier de ne pas se perdre de vue. Croyant trouver un accès par le biais d'un parking je suis revenu chercher Boumsong. Je n'ai pas tout de suite compris ce que j'ai vu. Il y avait son corps qui flottait en l'air sur un pieu un mètre au-dessus du sol. Ce n'était pas un pieu mais un véritable rostre qui l'avait empalé !
Au-dessus de lui un insecte comme je n'en avais jamais vu : un truc monstrueux, géant d'environ une douzaine de mètres, à la fois très fin cependant et translucide. Cela ressemblait à un Nephrotoma Appendiculata, cette saloperie de cousin modèle monstrueux. Mais le cousin ne piquait pas normalement et celui-ci vidait le sang et la lymphe de mon frère. Il paraissait tellement fragile qu'on aurait dit la mue d'un insecte, presque invisible à l'oeil nu si l'on n'y prenait garde. D'ailleurs comment une bestiole de cette taille-là pouvait-elle se mouvoir ?!

La réponse je l'ai obtenue quelques instants plus tards. Tandis que son appendice se remplissait comme une lune de sang, du sang O négatif si rare de Boumsong, il se détacha du Nephrotoma Maximus, faisait éclater la structure improbable de l'insecte. La chute fit exploser l'appendice et le sang se répandit à mes pieds. Il y avait plein de petites bulles dedans, des milliers de petites bulles noyautées d'un point noir qui étaient autant d'oeufs de cette saloperie. Une poignée seulement atteindraient cette taille gigantesque, pour reproduire l'espèce ; les autres pulluleraient bientôt comme une famille formidable de centaines de milliers d'individus.

Je brûlais le tout au molotov. Des milliers déjà. Une paille pour l'espèce alors que moi en perdant seulement deux frères aujourd'hui je n'avais déjà plus de famille.


Aldo
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L'esprit de la terre

Message par Aikau le bo »

L'ESPRIT DE LA TERRE
(publiée le 10/02/2003 par Lyagor)


Mon père se présente devant moi. Il a déjà revêtu tout son équipement. L’air grave, il avance de quelques pas, s’agenouille et m’aide à ajuster le mien. Aujourd’hui c’est le jour de ma première chasse. J’ai attendu ce jour avec tant d’impatience qu’aujourd’hui ce n’est pas l’excitation mais la peur qui me tient le ventre. La peur de mal faire, la peur de ne pas être digne de notre famille et de la tribu des Arachnis.
Papa se redresse et me juge d’un oeil satisfait. Me voici fin prêt. A mes doigts et mes orteils sont accrochés des griffes facilitant l’escalade des troncs les plus lisses. Ma ceinture porte un poignard effilé fabriqué à partir d’une cheli... chelas... kel... enfin d’un des crochets dont se servent les araignées géantes pour mordre. Trois petites fioles pendent aussi à ma ceinture. Elles contiennent différents liquides qui sentent plutôt mauvais :à utiliser en cas de fuite devant des prédateurs ou pour brouiller une piste ; comme me le répète souvent papa « les insectes communiquent par voie chimique, par la voie des odeurs. Parvenir à brouiller leurs communications pendant quelques instants peut sauver la vie ». J’ai aussi une fronde et une dizaine de cailloux ronds et lourds que j’ai sélectionnés avec soin. Ils ne serviraient à rien contre les cuirasses des fourmis, mais il arrive que l’on découvre dans la forêt du gibier à peau souple : chevreuils, sangliers, renards, écureuils... c’est d’ailleurs sur ceux qui habitaient dans les arbres entourant le repaire que j’ai réalisé mon apprentissage à la fronde. Ces espèces-là sont en dessous de nous dans la chaîne alimentaire :on les chasse plus facilement. Papa lui ne porte pas de fronde ;par contre, il a un arc et un carquois garni de flèches, dont certaines sont enduites de poison d’araignée. Il a également accrochées à la ceinture deux fioles que je n’ai pas parce que je suis trop inexpérimenté :elles contiennent un produit chimique précieux appelé phéri... phéro... félam... enfin je ne sais plus exactement le nom, mais je sais que ce produit peut provoquer certaines émotions chez les insectes : peur, stress, agressivité... et les désorienter pendant un moment. C’est beaucoup plus efficace que mes produits qui sentent mauvais.
Avant de partir, nous nous enduisons tout le corps de boue et de divers onguents végétaux. Ils servent à camoufler notre odeur et à nous mêler à celle de la terre. Enfin, mon père me donne des conseils pour la chasse à venir. C’est inutile, je les connais déjà par cœur depuis que je suis tout petit : « Les insectes voient mal les détails, par contre ils détectent les moindres mouvements. La meilleure arme de défense en cas de rencontre avec un prédateur est donc l’immobilité totale.» « Ne jamais sous-estimer la force et la ruse de l’adversaire. Fourmis, guêpes araignées et autres carabes ont mille manières de traquer leurs proies. Les prédateurs sont partout. Aucun abri n’est sûr, aucun lieu n’est un refuge » et enfin celui qui me donne toujours la chair de poule: « Ne jamais venir en aide à un compagnon de chasse en détresse au péril de sa propre vie. Pour la survie de notre espèce, un lâche vivant vaut mieux que deux héros morts ». Papa, qui voit que je ne suis plus très rassuré, me fait un petit sourire encourageant. Puis nous quittons la pièce principale et, après avoir salué maman, gagnons la sortie de l’arbre-repaire en passant dans des entrelacs de branches et de toile. Je ne dois pas avoir peur. Dans quelques heures je serai devenu un vrai Arachnis.

Mon nom est Jolan. J’ai treize ans. Je vis avec mon père et ma mère dans une grande cabane bâtie au cœur des branches d’un chêne centenaire. Nous faisons partie de la tribu des Arachnis. Depuis tout petit, on m’apprend les dures lois de la vie sauvage en communion avec la nature féroce et hostile de cette forêt du centre de la France. On m’apprend aussi à imiter nos modèles :les araignées. Ainsi, notre repaire est entouré de soies de toiles d’araignées de différents types : les unes collantes pour emprisonner les proies imprudentes et dissuader les prédateurs d’approcher, les autres lisses et dures pour consolider le tout et fournir des passages sûrs au sein du repaire. Nous utilisons les poisons de l’araignée pour tuer et conserver nos proies, et l’escalade est pour nous un art dont la maîtrise est vitale. En tout, la tribu des Arachnis compte une cinquantaine de membres, répartis en une dizaine de familles. Nous voyons rarement les autres :chaque famille dispose d’un territoire de chasse de plusieurs hectares. Maman m’a raconté que c’est un vieil homme qui a fondé notre tribu. On l’appelle « l’ancien » ou « celui-qui-sait ». Il vient nous rendre visite de temps en temps. Il a des pouvoirs étranges :c’est lui qui a garni notre repaire de soies de toiles d’araignées, qu’il a fait apparaître en invoquant une puissance qu’il appelle « l’esprit de la terre ». il dit qu’il lutte pour la survie de l’humanité, et que celle-ci ne peut passer que par l’imitation des prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, les insectes, les araignées et les scorpions. J’aime bien écouter ses histoires quand il vient nous rendre visite. Je l’ai déjà entendu dire qu’il existe dans des contrées lointaines d’autres hommes, qui ne vivent pas avec mais contre la nature, et qui comptent sur des machines pour assurer leur survie. L’ancien dit que ces humains sont redoutables, mais qu’ils suivent la mauvaise voie et s’éteindront d’eux-mêmes. Je pense qu’il a raison. De toute façon, je ne vois pas comment des humains qui n’ont pas les armes de l’araignée peuvent être redoutables…

La chasse a été bonne. Nous avons eu la chance de tomber sur un nid de grosses chenilles processionnaires. Leur corps juteux et nourrissant va garnir nos réserves de nourriture. Je suis fier de cette première chasse. Nous n’avons même pas rencontré nos pires ennemies de la forêt : les fourmis rousses. Je vois bien que papa aussi est fier de moi. Tout à coup, son regard s’assombrit et il me m’envoie au sol d’une brusque bourrade avant de s’aplatir à son tour. Une détonation a retenti, suivie d’une deuxième. Quel est ce prédateur ? Je n’ai jamais rien connu de semblable. Je cherche à m’enfuir en rampant. Après avoir parcouru quelques mètres, je jette un coup d’œil en arrière : je vois mon père qui s’est accroupi, arc brandi, prêt à tirer. Puis deux nouvelles détonations retentissent et je le vois s’écrouler frappé par un ennemi invisible. Je refrène un cri de douleur et reprend ma fuite. J’escalade rapidement un hêtre salvateur et me camoufle au plus profond de ses branchages. Après une minute d’immobilité totale, je me risque à observer l’extérieur. Deux créatures entièrement blanches sont sorties des buissons et se penchent à présent sur le cadavre de mon père. Elles ont ceux bras et deux jambes comme ceux de la tribu. Serait-ce des hommes des contrées lointaines ? Ils ne nous ressemblent pas : ils n’ont pas de visage, juste une sorte de plaque noire. Tous les deux tiennent dans leurs mains un étrange objet de forme allongée.
« Crétin ! Ca t’ennuierais d’économiser les munitions ? Maintenant nous voilà à court de seringues hypodermiques ! »
-Oh, excuse-moi, mais quand on me menace d’un arc, moi, je tire. C’est facile de parler quand on se tient bien planqué derrière !»
-Bon, bon, ça va, ne t’énerve pas. En tout cas le petit nous a échappé. A présent on ferait mieux d’aller explorer le truc bizarre dans le chêne là-bas. C’est ce qui devait leur servir d’habitation»
Ils parlent ! Ce sont donc bien des humains. Je les vois s’approcher de l’arbre-repaire.  Près de l’arbre, sur le sol, gît le corps ma mère. La haine envahit mon esprit. Plus silencieusement qu’une tégénaire, je m’approche de l’arbre-repaire. J’en connaît tous les moindres recoins. Je les entend qui discutent dans la salle principale. Je les vois. Ils ont jeté au sol les sortes de plaques noires qui n’étaient fait que des masques. Je vois leurs visages. Je suis juste au dessus d’eux.
« C’est quand même incroyable qu’ils parviennent à vivre dans des conditions pareilles ! »
« Ouaip. Parfois, je me demande si c’est vraiment utile de les ramener à la cité. Après tout, ce ne sont plus vraiment des humains... »
« Allons, tu sais bien qu’on n’a toujours besoin de bras supplémentaires à la cité. Et de femmes pour nous fournir une descendance. Et puis... »
Il n’a pas le temps de finir sa phrase. Je lui ai déjà bondi dessus et mon poignard creuse un large sillon dans la chair tendre de sa gorge. Pendant qu’il s’écroule, l’autre ramasse l’objet allongé à ses pieds. Je plonge instinctivement sur le côté. J’entends une détonation. Je quitte la pièce, entraînant mon opposant vers une zone du repaire pleine de fils collants. Mon piège fonctionne à merveille. L’homme s’empêtre dans la glu des fils au point de perdre l’équilibre. Dans sa chute, il laisse tomber l’objet étrange. D’un coup de pied, je l’envoie valdinguer hors de sa portée. L’homme se débat, tentant avec énergie de se dépêtrer du piège de soie. Il paraît  ridiculement vulnérable à se contorsionner ainsi. J’abrége ce spectacle grotesque d’un coup de poignard en plein cœur.
Une fois dehors, j’examine les corps de mes parents. Ils sont vivants ! Juste endormis. Quelques heures après, ils se réveillent, et nous nous tombons mutuellement dans les bras. En explorant les alentours pour découvrir l’origine des deux agresseurs, nous tombons sur un monstre aux larges yeux ronds, de grande taille, et parfaitement immobile. En nous approchant, je remarque à l’intérieur du monstre le corps allongé et inconscient de l’ancien. Le monstre est en fait une machine très compliquée, me disent mes parents. Elle se laisse éventrer sans broncher, et nous pouvons délivrer l’ancien, qui avait lui aussi été capturé par nos agresseurs. Quand mes parents lui racontent mon exploit, il est très impressionné. Le lendemain, il leur annonce qu’il a décidé de faire de moi son successeur. Aussi  leur demande-t-il s’ils acceptent de me confier à lui pour me former. Mes parents hésitent un temps, mais c’est un honneur qui ne saurait être refusé. Le soir même, je pars avec l’ancien vers des territoires inconnus.

Cela fait à présent un an que j’accompagne l’ancien partout où il va. En sa compagnie j’ai appris une multitude de choses. Essentiellement sur la nature, bien sûr :les modes de vie des insectes, leurs communications à distance par phéromones, l’organisation de leur sociétés. Mais l’ancien m’instruit aussi sur des sujets plus divers :les civilisations humaines avant le grand réveil, la lutte que nous devons mener pour ramener l’humanité dans le droit chemin du respect de la nature. Moi aussi je commence à devenir sensible à l’esprit de la terre. L’ancien me dit que bientôt je maîtriserai ses pouvoirs. J’ai hâte que cela se produise :je pourrais alors partir de mon côté convaincre des humains de terres étrangères de former une nouvelle tribu d’Arachnis . En attendant ces jours lointains, je reste dans les pas de l’ancien, la main toujours prête à sortir en cas de danger mon poignard formé à partir d’un de ces crochets qu’utilisent les araignées pour mordre, une chélicère...


Lyagor
Pour n’offenser personne il ne faut avoir que les idées de tout le monde
Helvétius
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